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Après huit jours de tensions en Corse à la suite de la tentative d'assassinat d'Yvan Colonna en prison, le gouvernement a tenté "l'apaisement" vendredi en ouvrant la voie au rapprochement de deux autres membres du "commando Erignac". Un geste encore jugé insuffisant dans l'île.
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"Dans un esprit d'apaisement", le Premier ministre a levé vendredi matin le statut de "détenu particulièrement signalé" de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, condamnés à la perpétuité, tout comme Yvan Colonna, pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998. Ce statut bloquait leur rapprochement en Corse, aucune prison de l'île ne pouvant accueillir ce type de détenus.
Cette décision s'applique "sans délai", a précisé Matignon à l'AFP, ouvrant la perspective d'un rapprochement vers la prison de Borgo près de Bastia de ces deux détenus actuellement incarcérés à Poissy (Yvelines), une revendication de longue date devenue un point de crispation politique majeur dans l'île.
- "Officines parallèles" de l'Etat -
C'est "un sentiment de satisfaction", a réagi vendredi matin Gilles Simeoni, le président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, auprès de l'AFP: "C'est seulement le droit qui s'applique, (...) j'ai envie de dire enfin".
Mais ce seul geste ne suffira pas à calmer "la situation explosive" que vit aujourd'hui la Corse, a ajouté l'élu. "Il faut que le gouvernement donne d'autres signes politiques et notamment permette une enquête indépendante sur les circonstances plus que suspectes de la tentative d'assassinat d'Yvan Colonna", a souligné Gilles Simeoni, ancien avocat d'Yvan Colonna, allant jusqu'à s'interroger, sur RMC, sur l'implication d'"officines parallèles" de l'Etat.
"Personne ou presque ne croit, en Corse mais aussi ailleurs en France, à une simple agression dans les prisons françaises d'un détenu par un codétenu", avait déjà assuré jeudi la présidente autonomiste de l'Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, dans une tribune publiée par Le Monde.
"Eux aussi sont en danger", avait estimé Mme Maupertuis dans Le Monde, en évoquant Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. "Maintenant ils doivent rentrer en Corse, et vite", a-t-elle déclaré à l'AFP vendredi.
Alors que le mot d'ordre "Etat français assassin" est brandi depuis une semaine lors des manifestations dans l'île, le Premier ministre a qualifié vendredi de "propos totalement déplacés" ces accusations laissant entendre que l'Etat aurait "prêté intentionnellement la main à l'agression très grave dont Yvan Colonna a été victime".
Du côté des deux détenus concernés, les réactions étaient également mitigées vendredi.
"C'est un premier pas mais ça ne suffit pas", a ainsi indiqué à l'AFP Simon Paulu Ferrandi, le fils d'Alain Ferrandi, ajoutant "attendre leur rapprochement effectif dans l'île" et même "leur libération, qui serait logique", au vu de leur dossier carcéral.
"Ce qui est malheureux c'est qu'il ait fallu un drame d'une telle ampleur et surtout de telles conséquences en Corse pour que finalement l'Etat français se décide à appliquer le droit", a regretté, toujours auprès de l'AFP, Me Eric Barbolosi, avocat de Pierre Alessandri: "Aujourd'hui en Corse, la rivière est en crue et cette décision, à mon sens, ne suffira pas à la faire rentrer dans son lit".
Pour Gilles Simeoni, l'apaisement dans l'île passera avant tout par l'ouverture d'un "véritable dialogue" entre l'Etat et la Corse. Et celui-ci sera notamment mené par le ministre de l'Intérieur, a précisé M. Castex.
"Emmanuel Macron et Jean Castex m'ont chargé d’être l'interlocuteur des élus et forces vives de Corse", a confirmé Gérald Darmanin vendredi sur Twitter, en précisant avoir "entrepris aussitôt les premières consultations".
En attendant, une nouvelle manifestation est toujours prévue dimanche à 15h00, à Bastia, malgré les réticences de la famille Colonna, qui a dit craindre "un nouveau drame" dans ce contexte de tensions.