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Bombay Durpun - Au procès du RN, le "militant" qui fait ce qu'on lui dit
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Guillaume L'Huillier est "un militant", un vrai. "J'ai collé mes premières affiches en 1997", dit-il mercredi à la barre, au procès des soupçons d'emplois fictifs d'assistants parlementaires d'eurodéputés du Rassemblement national. Alors quand on lui demande de faire quelque chose... "Je le fais".
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Officiellement à partir de 2009, Guillaume L'Huillier est "directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen", président du Front national (rebaptisé RN). Mais à la barre, il nuance tout de suite de sa voix sourde, souvent peu audible: "c'est essentiellement un titre par rapport aux médias... les journalistes préfèrent parler à un directeur de cabinet qu'à un assistant parlementaire".
Qui a décidé de lui donner ce titre ? Il hésite. "Je ne sais plus exactement... De toute façon, moi, je suis un militant, on me dit de faire ça, je le fais". Il se rattrape: "Sauf si ça pose des problèmes légaux".
Dans les faits pendant la période qui intéresse le tribunal (2004-2016), il a été assistant parlementaire de Bruno Gollnisch - pour qui il avait déjà travaillé -, puis de Marine Le Pen, avant de revenir chez Bruno Gollnisch - "par préférence personnelle", justifie Guillaume L'Huillier, 48 ans, crâne chauve, barbe taillée, serré dans sa veste bleue sur pantalon beige.
L'accusation s'étonne. Evoque les mails d'administratifs du parti qui parlent de "transférer L'Huillier sur BG à partir de juillet". Ou cet autre message dans lequel il assure être "déjà sur l'enveloppe de Bruno Gollnisch". Et encore le tableau de salaires du Front national, où Guillaume L'Huillier apparait dans la colonne "Pas payé par le FN" - avec la mention "Europe".
De "l'administratif", balaie-t-il. Mais des preuves concrètes de son travail pour Bruno Gollnisch (les contrats concernant Marine Le Pen seront abordés plus tard), il n'en a pas.
- "Homme de l'ombre" -
"Pas un brouillon, pas une trace sur un disque dur ou une clé USB ?", insiste le procureur Nicolas Barret.
"Je ne garde quasiment rien", répond, désolé, Guillaume L'Huillier, rappelant que les premiers contrats en cause remontaient à "20 ans". "Militant" et bon soldat, il travaillait pour Jean-Marie Le Pen sur son temps libre - "une heure et demie par jour" maximum jure-t-il -, d'autant que le patriarche a vite été remplacé par sa fille à la tête du parti (2011), avant d'en être exclu en 2015.
L'accusation s'étonne encore: les autres collaborateurs de Jean-Marie Le Pen ne savaient pas que Guillaume L'Huillier travaillait pour l'Europe, ce dernier demandait ses vacances à Jean-Marie Le Pen, l'appelant "le chef" dans ses messages privés - qui n'évoquaient quasiment jamais Bruno Gollnisch.
Ce dernier, lui, a fourni des "valises entières" de "preuves" du travail de Guillaume L'Huillier, mais "aucune" ne concerne la période qui intéresse le tribunal, avance l'accusation. Pour justifier de leurs relations téléphoniques, l'ex-numéro 2 du FN suggère de "demander aux PTT la liste des communications".
Guillaume L'Huillier, qui est aujourd'hui assistant parlementaire d'une députée RN comme il le souligne plusieurs fois, s'exaspère lui de répéter ce qu'il "se tue à dire depuis trois heures": Il est un "homme de l'ombre" - les mots d'un avocat de la défense. Alors évidemment que son "nom n'apparaît pas" sur ces notes, ces discours, ce "code de nationalité" qu'il préparait pour Bruno Gollnisch.
"Evidemment, évidemment!", fulminent en accord derrière lui, ulcérés et à renforts de grands gestes, Marine Le Pen et Bruno Gollnisch - quasiment les seuls des 25 ex-eurodéputés et assistants parlementaires frontistes prévenus au procès à avoir fait le déplacement.
Marine Le Pen, qui ne se prive pas de dire en marge de l'audience qu'elle trouve le tribunal particulièrement à charge, demande la parole. "On ne sait plus comment se défendre", scande la cheffe de file de l'extrême droite, rappelant encore que jamais le Parlement européen n'est intervenu, n'a alerté" un député d'une éventuel risque d'accusations de détournement de fonds publics. Et redit: "Tout ce que nous avons fait, nous avions le droit de le faire".