L'opposant vénézuélien Edmundo Gonzalez Urrutia, en exil depuis la présidentielle de juillet dont il revendique la victoire, a appelé les démocraties du monde à le soutenir, en recevant le prix Sakharov mardi à Strasbourg.
Ce prix, la plus haute de l'Union européenne pour les droits humains, "symbolise l'unité entre les démocrates du monde, qui ont aujourd'hui plus que jamais besoin les uns des autres" a-t-il dit au Parlement européen à Strasbourg.
"Le Venezuela compte sur vous, car la lutte pour la liberté et la démocratie dans notre pays est aussi la lutte pour ces valeurs dans le monde entier".
"Vive le Venezuela libre!" a-t-il conclu sous les applaudissements.
La réélection de Nicolas Maduro (Parti socialiste unifié du Venezuela, PSUV) le 28 juillet, pour une troisième mandat de six ans, a été vivement contestée par l'opposition, qui estime que son candidat l'a emporté avec plus de 67% des suffrages.
Le prix Sakharov a été décerné à Edmundo Gonzalez Urrutia, que le Parlement européen reconnait comme le président démocratiquement élu du Venezuela, ainsi qu'à Maria Corina Machado, la cheffe de l'opposition vénézuélienne, qui vit dans la clandestinité depuis le scrutin.
La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola a salué leurs "efforts inlassables pour rétablir la liberté et la démocratie au Venezuela et assurer une transition du pouvoir juste, libre et pacifique".
Elle a condamné le régime de Maduro pour "les nombreuses tentatives brutales et cruelles visant à faire taire les voix démocratiques de millions de Vénézuéliens", "l'émission d’un mandat d'arrêt contre le président élu", et "l'emprisonnement illégal de milliers de prisonniers politiques dans des conditions inhumaines".
"Ce prix est un hommage à tous les Vénézuéliens qui ont décidé d'être libres", a déclaré Maria Corina Machado, citant notamment "ceux qui sont aujourd'hui cachés, exilés, en prison".
"Vous nous montrez aujourd'hui que nous ne sommes pas seuls et que jamais, au grand jamais, le combat pour la liberté ne sera vain. C'est le moment d'agir avec fermeté. Nous avons besoin des parlements et des gouvernements en ce moment décisif", a ajouté Maria Corina Machado, qui s'exprimait par visioconférence.
- "Début d'une nouvelle ère" -
Les Etats-Unis, l'Europe et de nombreux pays d'Amérique latine ne reconnaissent pas la réélection de Nicolas Maduro.
Alors que sa prestation de serment pour le mandat 2025-2031 est prévue le 10 janvier, il a appelé ses partisans "à descendre par millions dans les rues pour prêter serment au Venezuela, à l'indépendance, à la patrie bolivarienne".
Edmundo Gonzalez Urrutia, 75 ans, exilé en Espagne, a de son côté annoncé qu'il reviendrait au Venezuela le 10 janvier pour "prendre ses fonctions".
Lors d'une interview à l'AFP lundi, il a dit espéré le "début d'une nouvelle ère" à son retour au pays le 10 janvier.
"Nous attendons avec impatience le 10 janvier, date à laquelle notre président élu prendra le pouvoir", a aussi dit à l'AFP Ana Corina Sosa, fille de Maria Corina Machado qu'elle a représenté à Strasbourg.
Elle a assuré que sa mère, qui vit cachée depuis l'élection, "sera à ses côtés quand il le fera".
"Quoi que le gouvernement nous réserve, nous serons résilients. Nous avancerons et nous ferons entendre notre voix le 10 janvier", a-t-elle ajouté.
Doté de 50.000 euros, le prix Sakharov porte le nom du dissident soviétique et physicien nucléaire Andreï Sakharov, prix Nobel de la paix en 1975.
Plusieurs lauréats de ce prix ont également reçu le prix Nobel de la paix, comme la Pakistanaise Malala Yousafzaï ou Nelson Mandela.
Outre le prix Sakharov, Maria Corina Machado, 57 ans, a reçu en septembre le prix des droits de l'Homme Vaclav Havel du Conseil de l'Europe.
G.Radhakrishnan--BD