Un ancien ami de Nordahl Lelandais a exhorté mardi l'accusé, jugé à Grenoble pour le meurtre en 2017 de la petite Maëlys, de dire la vérité aux parents de la fillette, "même si c'est horrible".
"Les gens ont besoin de la vérité, tu es obligé de dire à ses parents, même si c'est horrible, ce que tu as fait", a supplié le trentenaire en se tournant vers Nordahl Lelandais, qu'il a fréquenté dans les années 2010. Face à lui, dans le box, l'accusé baisse son masque et hoche la tête en silence.
Le témoin s'attend-il cependant à ce que l'ancien militaire dise toute la vérité lors du procès ? "Jamais à 100%", estime le soudeur.
"Il nous a bernés comme il a berné tout le monde, même ses amis les plus proches", a poursuivi à la barre l'ancien ami qui a depuis coupé les ponts avec l'accusé.
Rapidement soupçonné, Nordahl Lelandais avait été confondu en février 2018 par la découverte d'une tâche de sang dans le coffre de sa voiture. Il avait alors admis l'avoir tuée "involontairement" dans des circonstances qui demeurent floues.
Mardi, la deuxième journée de procès est consacrée à l'audition de plusieurs témoins dont le frère de l'accusé, Sven Lelandais pour tenter de cerner sa personnalité.
Cet examen "est très important", avait auparavant estimé l'avocat de la mère de Maëlys, Me Fabien Rajon, qui attend beaucoup des experts pour établir "le niveau de dangerosité" de Nordahl Lelandais.
"Le cœur de cette affaire est de savoir si oui ou non il y a (eu) des sévices sexuels infligés à Maëlys. Nous, nous avons notre conviction sur ce sujet, mais c’est à la cour de se prononcer", a-t-il ajouté, alors que les poursuites pour viol ont été écartées pendant l'instruction faute d’élément.
Première témoin du jour, une ex-compagne âgée de 34 ans s'est avancée à la barre vêtue de noir et les cheveux teints en blond.
Elle a fréquenté l'accusé environ six mois en 2013-2014, période durant laquelle Nordahl Lelandais a, selon elle, filmé et diffusé à son insu des vidéos de leurs ébats intimes. "C'est un non-respect de la femme, c'est ce qui l'amène aussi ici", a-t-elle estimé.
Selon elle, leur séparation a été "très compliquée", émaillée de "menaces" de la pousser du haut d'une montagne ou de lui "faire bouffer le carrelage", ainsi que de brutalités.
"Dans une histoire, il y a deux versions", a répliqué Nordahl Lelandais depuis son box. "C'est vrai qu'on s'est chamaillés", a-t-il lâché.
- "Rien à voir" -
Le frère de l'accusé, Sven Lelandais, devait témoigner dans l'après-midi. Il avait tenté la veille d'obtenir de la Cour d'être dispensé, arguant n'avoir "rien à voir" ni avec son frère ni à propos de cette affaire, mais cette requête lui a été refusée.
Lundi, les débats s'étaient ouverts avec une enquêtrice de personnalité, Adeline Sendra, qui a longuement détaillé le parcours de l'accusé, marqué par des échecs tant sur le plan professionnel que sentimental.
C'est "quelqu'un qui ne supporte pas l'autorité, colérique, mais la violence ce n'est pas quelque chose qui ressort" des témoignages de son entourage, selon elle.
A la barre, sa mère Christiane Lelandais s'est souvenue d'un enfant "sage", "doux et gentil".
Au moment des faits, sur la période 2016-2017, la retraitée de 73 ans a expliqué avoir été totalement accaparée par la grave maladie de son mari et n'avoir pas observé de changement dans le comportement de son fils. Elle a également mis en cause "ces histoires de drogues, d'alcool, qui l'ont entraîné dans ce délire".
A l'ouverture des débats lundi matin, Nordahl Lelandais avait tenu à "présenter (ses) excuses" à la famille de la fillette et promis de "(s)'expliquer sur les faits au cours de l'audience".
L'accusé sera également jugé pour agressions sexuelles à l'encontre de deux petites-cousines âgées à l'époque de cinq et six ans, ainsi que pour détention et enregistrement d’images pédopornographique.
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, Nordahl Lelandais n'avait pas fait appel. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Verdict attendu autour du 18 février.
L.Panchal--BD