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Bombay Durpun - Londres résolu à expulser des migrants au Rwanda, malgré un revers judiciaire
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Le gouvernement britannique s'est montré résolu mercredi à expulser des migrants illégaux vers le Rwanda, malgré le coup porté à ce projet à la dernière minute par la justice européenne, désormais sous le feu des critiques des conservateurs.
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Ce devait être un premier vol chargé de symbole et marquant la détermination du gouvernement du Premier ministre conservateur Boris Johnson à dissuader les arrivées clandestines au Royaume-Uni, en envoyant des migrants en Afrique de l'Est, à plus de 6.000 km de Londres.
Le nombre de personnes devant être expulsées avait fondu à seulement sept après des recours individuels au Royaume-Uni, contre jusqu'à 130 initialement prévues. Mais c'était une question de "principe": l'avion spécialement affrété pour des centaines de milliers d'euros était prêt à décoller d'une base militaire anglaise, tard mardi soir, quand la Cour européenne des droits de l'Homme a bloqué des expulsions, laissant l'appareil cloué au sol.
Sans le dissuader de poursuivre son projet populaire au sein de son électorat mais vertement critiqué par l'ONU, l'Eglise anglicane et même, en privé selon la presse, le prince héritier Charles.
"La décision de la Cour de Strasbourg d'intervenir était décevante et surprenante", a déclaré la ministre britannique de l'Intérieur, Priti Patel, au Parlement, rappelant que la justice britannique avait débouté des associations contestant la mesure.
Mais "nous n'allons pas être découragés par d'inévitables recours de dernière minute", a-t-elle ajouté, soulignant que "les préparations pour les prochains vols avaient déjà commencé".
Le porte-parole de Boris Johnson a indiqué que le gouvernement comptait, avant de décider des suites à donner, "étudier attentivement ce jugement" de la CEDH, qui a notamment estimé que l'expulsion d'un Irakien devait être repoussée jusqu'à ce que la justice britannique ait examiné la légalité du dispositif, ce qui est prévu en juillet.
Il s'agit en particulier de s'assurer que les migrants puissent avoir accès à des procédures équitables au Rwanda, alors que le gouvernement rwandais est régulièrement accusé par des ONG de réprimer la liberté d'expression, les critiques et l'opposition politique.
La CEDH n'a pas jugé le dispositif "illégal" et sa décision ne constitue "une interdiction absolue" d'expulser les migrants vers le Rwanda, qui est "un pays sûr", a insisté Priti Patel face à l'opposition travailliste qui a dénoncé une politique "honteuse".
- Halte à "l'ingérence" -
Furieux, des députés de la majorité conservatrice y ont toutefois vu une atteinte à la souveraineté du Royaume-Uni et appelé à abandonner la Convention européenne des droits de l'Homme, que le pays a contribué à façonner en 1950 et qu'il a transposée en loi.
L'institution n'a aucun lien avec l'Union européenne, que les Britanniques ont quittée avec le Brexit en janvier 2020.
"Oui, retirons-nous de la Cour européenne des droits de l'Homme et stoppons leur ingérence dans la loi britannique", a tweeté l'élue conservatrice Andrea Jenkyns.
Boris Johnson lui-même a laissé, à demi-mot, la porte ouverte à une telle éventualité, frustré de voir la politique migratoire du gouvernement contrecarrée en justice. "Sera-t-il nécessaire de changer certaines lois pour nous aider à avancer? Cela pourrait très bien être le cas et toutes ces options sont régulièrement étudiées", a-t-il déclaré.
En envoyant des migrants au Rwanda, Londres entend freiner les traversées illégales de la Manche, qui ne cessent d'augmenter malgré ses promesses répétées de contrôler l'immigration depuis le Brexit.
Depuis le début de l'année, plus de 10.000 migrants ont effectué le dangereux trajet à bord de petites embarcations, une hausse par rapport aux années précédentes, déjà record. Ils étaient 444 pour la seule journée de mardi et d'autres, dont au moins un enfant, ont débarqué mercredi sur les côtes anglaises, a constaté un photographe de l'AFP.
A Kigali, le gouvernement rwandais a affirmé qu'il n'était "pas découragé" par l'annulation du vol et restait "engagé" dans ce partenariat, financé par Londres dans un premier temps à hauteur de 120 millions de livres (140 millions d'euros).