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Bombay Durpun - "Nous n'avons pas peur" crient les manifestants de l'opposition à la veille de l'investiture contestée de Maduro
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"Nous n'avons pas peur" ont scandé des milliers de manifestants au Venezuela lors de rassemblements sous haute vigilance policière et militaire à la veille l'investiture vendredi du président Nicolas Maduro dont l'opposition conteste la réélection en juillet.
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"Yo juro con Maduro" (Je prête serment avec Maduro) crient quant eux des milliers de partisans du pouvoir qui se rassemblent avant une marche de soutien au président socialiste, qui doit prêter serment pour un troisième mandat à l'Assemblée nationale vendredi à midi (16H00 GMT).
"Je laisserai ma peau sur l'asphalte pour mes enfants, mais cela en vaudra la peine car le Venezuela sera libre! Vive le Venezuela libre!", affirme Rafael Castillo, 70 ans, qui espère déloger Maduro au pouvoir depuis 2013.
Il faut "vaincre la peur", lance la cheffe de l'opposition Corina Machado, qui a promis sortir de la clandestinité pour participer à la manifestation qu'elle a convoquée. Accusée d'être une "criminelle" par Maduro lui-même, elle a dit ne vouloir "manquer pour rien au monde ce jour historique".
- "En liberté" -
"Nous nous verrons tous très bientôt à Caracas, en liberté", a lancé depuis Saint-Domingue celui que les opposants considèrent comme le "président élu", Edmundo Gonzalez Urrutia. "Nous, les Vénézuéliens, sommes déterminés à persévérer dans cette lutte jusqu'au bout", a-t-il ajouté.
"Le seul président élu dans ce pays est Nicolas Maduro, le peuple l'a élu et le peuple le soutient", estime quant à lui Noeli Bolivar, 38 ans, au milieu de partisans de Maduro qui brandissent des centaines de drapeaux du Venezuela lors de cette marche "pour la paix".
Le Conseil national électoral (CNE) avait proclamé le président sortant vainqueur du scrutin avec 52% des voix, mais sans publier les procès-verbaux, se disant victime d'un piratage informatique. Une hypothèse jugée peu crédible par de nombreux observateurs.
L'annonce du CNE avait provoqué des manifestations spontanées dans tout le pays, durement réprimées. Les troubles postélectoraux se sont soldés par 28 morts, plus de 200 blessés, et 2.400 personnes arrêtées pour "terrorisme".
Les forces de sécurité ont procédé à de nombreuses arrestations ces derniers jours: quelque 150 personnes, dont un présumé responsable du FBI (police fédérale américaine) et un militaire américain, selon M. Maduro, qui a évoqué une "agression" financée par les États-Unis.
Washington, qui ne reconnaît pas la victoire de M. Maduro, a qualifié de "catégoriquement fausse" toute accusation de participation "dans un complot visant à renverser Maduro", selon un porte-parole du département d’État américain.
- Arrestations -
Enrique Marquez, figure de l'opposition vénézuélienne et fer de lance de la bataille juridique contre la réélection contestée de M. Maduro, et le gendre de M. Gonzalez Urrutia font partie des personnes arrêtées accusées d'être impliquées dans cette tentative de putsch, selon le ministre de l'Intérieur Diosdado Cabello.
Le respecté Carlos Correa, directeur d'une ONG réputée de défense des droits humains, a aussi été arrêté.
L'ONU s'est dite "profondément inquiète" jeudi de la détention d'opposants politiques et notamment celle de M. Correa, a écrit Volker Türk, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.
Dans ce contexte, et après les répressions des grandes manifestations de 2014, 2017 et 2019, qui ont fait plus de 200 morts et déclenché l'ouverture d'une enquête de la Cour pénale internationale, de nombreux observateurs s'interrogent sur la capacité de l'opposition à mobiliser ses partisans. Même si les sondages assurent qu'une grande majorité du pays désire le changement.
L'opposition a appelé à de multiples reprises les forces de l'ordre et l'armée, un des piliers du pouvoir, à "baisser les armes" et à respecter la volonté populaire. En vain.
Exilé en Espagne depuis septembre, M. Gonzalez Urrutia conclut en République dominicaine sa tournée qui l'a notamment mené à la Maison Blanche.
Il avait envisagé d'aller à Caracas vendredi pour prêter serment à la place de M. Maduro, un projet jugé "improbable" par des observateurs.
Les autorités vénézuéliennes, qui ont mis à prix pour 100.000 dollars la tête de M. Gonzalez Urrutia, ont promis la prison à tous ceux qui l'accompagneraient, affirmant qu'elles réagiraient comme face à une "force d'invasion".