Eternel Jean-Claude Dusse dans "Les Bronzés", acteur majeur du cinéma comique dans les années 80 avant de s'orienter vers des rôles dramatiques et une carrière de réalisateur, Michel Blanc est mort à l'âge de 72 ans dans la nuit de jeudi à vendredi, suscitant un torrent de réactions.
L'acteur, qui se voyait comme un "clown angoissé", a fait un malaise cardiaque dans la soirée et a été transporté dans un hôpital parisien où il est décédé, a indiqué son entourage à l'AFP, confirmant une information de Paris Match.
"Putain, Michel... Qu'est-ce que tu nous a fait...", a réagi sur Instagram Gérard Jugnot, son complice de la troupe comique du Splendid qui a fait part, "d'une seule voix", de "son immense douleur", dans un communiqué à l'AFP.
"Michel mon pote, mon frère, mon partenaire", a déclaré Josiane Balasko, elle aussi membre de cette troupe qui les guida vers le succès avec "les Bronzés" et "Les Bronzés font du ski", et fera entrer dans la légende le personnage de Jean-Claude Dusse, ses "malentendus" et ses plans drague boiteux.
Le chef de l'Etat Emmanuel Macron a évoqué la perte d'un "monument du cinéma français" tandis que le Premier ministre Michel Barnier, "très ému et très triste", a salué la mémoire d'un "formidable acteur qui nous a fait rire".
Au cinéma, Michel Blanc a longtemps incarné l'archétype du loser, chauve maigrichon et moustachu aussi exaspérant qu'attachant, notamment dans "Marche à l'ombre" (1984), qu'il avait réalisé, ou "Viens chez moi, j'habite chez une copine" (1981).
"À l'époque, on a écrit des personnages qui étaient assez proches de nous. Jean-Claude Dusse, c'était clairement pour moi (...). J'ai très vite eu peur qu'on m'y associe toute ma vie", avait-il raconté à Paris Match au printemps.
- Rôles dramatiques -
Cassant son image, il avait ensuite pris d'autres chemins avec des rôles dramatiques comme celui du travesti Antoine dans "Tenue de soirée" (1986) de Bertrand Blier, ou de l'inquiétant "Monsieur Hire" (1989) de Patrice Leconte, d'après un livre de Georges Simenon, gagnant en épaisseur et en gravité.
Plus tard, il incarnera un directeur de cabinet ministériel froid et méthodique dans "L'Exercice de l'Etat", qui lui valu un César en 2012.
"C'est un un type de rôle dont je rêvais mais je n'étais pas sûr que vous m'acceptiez dans ce rôle-là, que le public m'accepte dans ces rôles-là et donc je vous remercie de me donner l'autorisation de continuer dans cette direction et de continuer à essayer d'être exigeant", avait-il déclaré, visiblement ému, au moment de recevoir son prix.
Gros bosseur, perfectionniste, Michel Blanc savait utiliser ses complexes et son talent d'écriture pour explorer le désenchantement et façonner les personnages de ses films, notamment ceux qu'il avait réalisés comme "Grosse Fatigue" (1994) et "Embrassez qui vous voudrez" (2002).
Le comédien Pierre Niney a lui aussi rendu hommage à un "immense acteur, drôle et profond, simple et touchant", dont il avait joué le fils dans "Nos 18 ans" (2008). "J'ai su que je voulais être acteur grâce à ce genre de rencontre", a-t-il écrit.
A rebours de son personnage comique, le cinéaste Patrice Leconte, qui l'a dirigé à plusieurs reprises, a évoqué sur RTL "un type très original, extrêmement singulier, assez secret en fin de compte". "J'ai l'impression qu'il se protégeait beaucoup".
Dans un entretien à Télérama, lui-même ne cachait pas sa part d'ombre. "Je ne suis pas du tout un clown triste mais un clown angoissé", disait-il, ajoutant "mais qui n'est pas angoissé ? C'est quoi la condition humaine? Ne pas savoir pourquoi on est là, ne pas savoir comment on va mourir".
France 2 rediffuse vendredi en première partie de soirée "Je vous trouve très beau", succès surprise où l'acteur incarne un agriculteur veuf en quête d'épouse, et France 3 diffusera lundi soir "Grosse fatigue", qu'il a réalisé, sur les affres de la célébrité.
A.Krishnamurthy--BD