Entre rires et larmes, à l'image de ce "clown angoissé" qu'était Michel Blanc, ses amis du "Splendid", des personnalités du cinéma et des admirateurs lui ont rendu hommage jeudi à Paris, pour les obsèques de l'acteur décédé brutalement à 72 ans.
"Salut Michel !", "Merci Michel !", ont scandé des admirateurs, au départ du corbillard, signant la fin d'une cérémonie d'obsèques qui a duré environ 1H30 et a rassemblé un millier de personnes, a constaté l'AFP.
A l'intérieur de l'église Saint-Eustache, où Michel Blanc se rendait régulièrement, le recueillement s'est mêlé à des références joyeusement décalées à l'acteur, jusque dans l'homélie du père Jérôme Prigent qui a salué "l'esprit et la force comique" d'un "anti-héros sublime".
"Tu t'es barré Michel...on ne s'est même pas où. Tu vas bien les emmerder là-haut...pourquoi t'es mort Michel ?", a lancé auparavant Jean-Paul Rouve (les Tuche), qui l'a fait jouer dans "Les Souvenirs" (2015). "Tu me manques. Tu nous manques", a-t-il ajouté.
A son tour, Josiane Balasko, membre du Splendid, a rappelé que Michel Blanc rêvait au départ de devenir pianiste. "Le grand bonheur c'est que tu es devenu acteur", a-t-elle déclaré.
Outre ses amis du célèbre café-théâtre parisien, de nombreuses personnalités étaient présentes dont Isabelle Mergault, qui réalisa son premier film, "Je vous trouve très beau" (2005), avec Michel Blanc, mais aussi la ministre de la Culture Rachida Dati et Brigitte Macron.
Fait rare pour une personnalité: l'église avait ouvert ses portes au public, qui s'était précipité à l'intérieur pour compléter les bancs.
- "Quand te reverrai-je...?" -
"C'était un homme simple qui n'a jamais pris la grosse tête", a estimé Monique Picard, 72 ans, louant la "cinématographie extraordinaire" de l'acteur, dont "Les Bronzés" qu'elle regarde quand elle a "un coup de blues".
"C'est une personne qui nous a fait rire, on a regardé tous ses films. Nous sommes là par curiosité et admiration et lui rendre hommage", confie Jean, 74 ans, qui n'a pas souhaité donner son nom.
Des clins d'oeil ont émaillé cet hommage populaire et ouvert, à l'image du comédien: le livret de messe comportait une de ses répliques phares - "Je sens que je vais conclure" - et, au fond de l'église, un homme s'est affiché en tenue de sports d'hiver, skis compris.
Au milieu des hommages et cantiques, un fan culotté s'est aussi avancé tranquillement, a saisi le micro puis a entonné la cultissime ritournelle "Quand te reverrai-je, pays merveilleux ?", chantée par Blanc perché sur un remonte-pente ("Les Bronzés font du ski", 1979). L'assistance l'a suivi en choeur, par deux fois.
"C'était une très belle cérémonie. Il y avait beaucoup de gens, il y avait même un Jean-Claude Dusse derrière. Je crois qu'il aurait aimé. Il y'avait du décorum, de la bonne musique, et beaucoup de gens qui l'aimaient", a déclaré Josiane Balasko à l'AFP, à l'issue de la cérémonie.
- Amis de 50 ans -
Acteur majeur du cinéma comique dans les années 1980 avant de s'orienter vers des rôles dramatiques et une carrière de réalisateur, Michel Blanc a été victime d'un malaise cardiaque et a été transporté dans un hôpital parisien où il est décédé.
Selon son entourage, l'acteur aurait été victime d'un choc anaphylactique, une réaction allergique rare mais violente à un aliment, un médicament ou à du venin, qui peut entraîner la mort en quelques minutes.
Le parquet de Paris a indiqué à l'AFP ne pas être saisi de son décès.
Premier de la troupe du Splendid à partir, ses anciens camarades Christian Clavier, Gérard Jugnot, Josiane Balasko, Thierry Lhermitte, Marie-Anne Chazel et Bruno Moynot ont exprimé à l'annonce de son décès leur "douleur immense".
Ils posaient encore tous les sept en avril pour l'hebdomadaire Paris Match, à l'occasion des 50 ans de la troupe qui s'était formée au lycée.
N.Sabharwal--BD