Donald Trump, comptant sur une rhétorique radicale pour remporter la présidentielle, va continuer vendredi à marteler son violent message anti-migrants. Sa rivale Kamala Harris fait le pari inverse, celui du centrisme, et poursuit son offensive auprès des républicains modérés.
L'ancien président républicain se rend dans une petite ville du Colorado (ouest), Aurora, qui a défrayé la chronique à cause d'une vidéo diffusée en boucle cet été par la sphère trumpiste, où l'on voit des latino-américains en armes forcer des appartements.
Le milliardaire présente depuis Aurora comme une "zone de guerre" emblématique de la vague de criminalité provoquée selon lui aux Etats-Unis par un afflux hors de contrôle de migrants illégaux - ce qu'aucune statistique officielle ne montre.
Le maire de la ville, Mike Coffman, lui-même républicain, a assuré que le portrait apocalyptique fait d'Aurora était une exagération grossière.
Les rumeurs partagées sur les réseaux sociaux, selon lesquelles le gang vénézuélien Tren de Aragua aurait "pris le contrôle" d'Aurora "sont tout simplement fausses", a-t-il notamment corrigé.
Donald Trump avait déjà repris à son compte une affirmation mensongère selon laquelle des immigrés haïtiens mangeaient des chiens et des chats.
- Extrémisme contre centrisme -
Avec ses discours violents, évoquant les "mauvais gènes" des migrants qui "infestent" de l'Amérique, il espère mobiliser l'électorat de certains Etats indécis du sud-ouest, ainsi l'Arizona (sud-ouest), où Kamala Harris a fait campagne vendredi.
L'Arizona fait partie des sept Etats clés susceptibles de faire basculer l'élection présidentielle du 5 novembre.
Si Donald Trump compte sur une rhétorique toujours plus radicale pour mobiliser avant le scrutin, la candidate démocrate parie au contraire que l'élection se gagnera en faisant basculer certains modérés de son côté.
La vice-présidente a poursuivi son offensive auprès des quelques républicains qui répugnent à soutenir l'ancien président, en leur promettant non seulement de nommer un ou une ministre de leur parti en cas de victoire, mais aussi de créer à la Maison Blanche un conseil mixte, avec des démocrates et des républicains, sur lequel s'appuyer.
"J'aime les bonnes idées d'où qu'elles viennent!" a-t-elle lancé sous les applaudissements.
Kamala Harris a répété qu'une victoire ne serait "pas facile" et de fait, dans les sondages, elle reste au coude-à-coude avec son rival, notamment dans les Etats-clé.
Pour mieux labourer ces "swing states", mais aussi pour mobiliser l'électorat masculin, auprès duquel Donald Trump est plus populaire, la vice-présidente a recours à des poids lourds de son parti.
Barack Obama ira prochainement en Arizona et dans le Nevada. Jeudi en Pennsylvanie, le démocrate a adressé un message à ses "frères" noirs, auprès desquels le candidat républicain, avec sa posture machiste voire franchement sexiste, marque des points.
- Vogue et Madison Square Garden-
"Cela me pose un problème. Cela me fait penser que vous n'aimez pas l'idée d'avoir une femme à la présidence", a-t-il tancé, appelant les hommes en général à ne pas confondre "l'intimidation et le fait de rabaisser les gens" avec "un signe de force".
Un autre ancien président démocrate, Bill Clinton, va lui faire campagne en Géorgie (sud-est).
Kamala Harris, qui s'appuie résolument sur le monde du spectacle et du divertissement, fait aussi vendredi la Une de Vogue, le magazine de la très influente Anna Wintour, qui soutient sa campagne.
La vice-présidente doit se rendre ce week-end en Caroline du nord (sud-est) puis lundi en Pennsylvanie (nord-est).
Encore des "swing states", comme le Nevada où ira Donald Trump vendredi, avant de se rendre en Arizona dimanche.
Mais l'ancien président veut aussi se montrer sur les terres des démocrates, où il espère faire des coups médiatiques à défaut de grappiller des voix.
On le verra dimanche en Californie à Coachella, localité connue pour un festival de musique couru, avant un meeting fin octobre dans la plus emblématique des salles de New York, le Madison Square Garden.
O.Mallick--BD