Le leader du mouvement contre la vie chère en Martinique, Rodrigue Petitot, a été placé en détention provisoire jeudi par la cour d'appel de Fort-de-France après son irruption au domicile du préfet de l'île le 11 novembre, une décision qui a entraîné des troubles dans la nuit de jeudi à vendredi.
Le président du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC) restera écroué jusqu'à son procès le 21 janvier aux termes de la décision de la cour, qui a délivré un mandat de dépôt.
Rodrigue Petitot, surnommé "le R" par ses soutiens, avait d'abord été placé sous contrôle judiciaire, le 15 novembre, lors d'une audience de comparution immédiate.
Mais le parquet de Fort-de-France avait fait appel de cette décision.
Le dirigeant du RPPRAC, l'association ayant lancé en septembre un mouvement de contestation contre la vie chère qui a dégénéré en violences nocturnes, avait été interpellé le 12 novembre pour des faits de violation de domicile, la veille, à la résidence préfectorale.
"C'est une décision de justice qui est commandée peut-être par des motifs politiques", a fustigé Me Georges-Emmanuel Germany, l'un des trois avocats de Rodrigue Petitot, à l'issue de l'audience de jeudi.
Son confrère Me Eddy Arneton a dénoncé "une défaite de la justice" en s'adressant aux centaines de sympathisants du RPPRAC massés aux abords de la cour d'appel. "On va se battre jusqu'au bout pour obtenir justice", a-t-il poursuivi.
Des troubles ont éclaté à Fort-de-France après son placement en détention provisoire. Selon la préfecture de la Martinique, "une trentaine" de personnes, "parfois très jeunes, ont réagi en tentant de piller plusieurs magasins, en y mettant le feu, et en lançant des projectiles ou procédant à des tirs de mortiers sur les forces de sécurité intérieure et les pompiers".
La préfecture indique aussi dans un communiqué que les forces de l'ordre ont été visées par des "tirs à balles réelles", sans toutefois faire de blessé.
Trois personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, selon la préfecture et une source policière.
Le calme est revenu peu après 01H00 locales (06H00 à Paris), a indiqué la source policière.
Rodrigue Petitot avait aussi été reconnu coupable lundi d'intimidations à l'encontre des maires de Martinique et condamné à dix mois de prison ferme aménageable. Il devait être convoqué sous cinq jours par un juge d'application des peines en vue d'un placement sous bracelet électronique.
Sur cette île des Antilles où les denrées alimentaires sont en moyenne 40% plus chères que dans l'Hexagone, selon l'Insee, des émeutes ont éclaté à plusieurs reprises ces trois derniers mois.
Depuis début septembre, 214 personnes ont été interpellées, "dont 92 ont reçu une réponse pénale à ce jour", parmi lesquelles 16 ont été incarcérées, a précisé la préfecture dans son communiqué.
Dans un précédent bilan, les autorités avaient indiqué que 298 véhicules, 33 bâtiments privés et six bâtiments publics avaient été incendiés et 174 locaux commerciaux cambriolés dans le sillage du mouvement.
Un protocole contre la vie chère a été signé le 16 octobre pour faire baisser de 20% les prix de 6.000 produits, mais il a été "suspendu" à la suite de la censure du gouvernement de Michel Barnier, a annoncé jeudi le ministre démissionnaire des Outre-mer, François-Noël Buffet, dans un entretien à Ouest-France.
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G.Tara--BD