Ebranlé par une crise politique d'envergure en France, l'indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40, a terminé l'année en légère baisse et a pris un retard considérable sur les principales places financières du globe.
A l'issue de sa dernière séance de 2024, le CAC 40 a affiché un repli de 2,15% depuis le 1er janvier, un bilan annuel en fort contraste avec le bond de plus de 16% signé en 2023.
"Cette sous-performance du marché français est du jamais vu au cours des 25 dernières années par rapport à d'autres places européennes et comparé aux Etats-Unis", rapporte Guillaume Laconi, gérant des actions européennes chez Edmond de Rothschild AM.
A titre de comparaison, l'indice principal de la Bourse de Francfort, le Dax, a terminé 2024 en hausse de 18,85% après avoir volé de record en record. Même tendance sur l'indice américain S&P 500, qui devrait terminer l'année avec une hausse de plus de 20%.
"La dissolution de l'Assemblée nationale a freiné toute dynamique positive" et a accentué "l'incertitude pour les investisseurs", commente Andrea Tueni, responsable des activités de marchés de Saxo Banque.
Avant cette annonce du 9 juin, le CAC 40 affichait une hausse de plus de 6% depuis le 1er janvier et a progressivement abandonné tous ces gains, avant de basculer en terrain négatif au cours de la semaine qui a suivi.
Lot de consolation pour les investisseurs, les entreprises françaises cotées "ne réalisent que 17% de leur activité dans l'Hexagone, autrement dit 83% des activités des sociétés cotées se déroule à l'étranger", précise Guillaume Laconi.
- Un marché au ralenti -
Le CAC 40 avait pourtant battu ses records en séance (8.259,19 points le 10 mai) et en clôture (8.239,99 points le 15 mai) au printemps, mais avançait toutefois à une allure plus modeste que ses homologues.
"La sous-performance entre janvier et juin est essentiellement du à des éléments spécifiques sur certains secteurs et certaines valeurs", explique Guillaume Laconi.
Par exemple, dans le secteur pharmaceutique, le danois Novo Nordisk était à cette période-là en progression de plus de 40%, en comparaison, le français Sanofi était en léger repli.
"On retrouve le même phénomène dans le secteur des semi-conducteurs: ASML bondissait de plus de 45% sur les premiers mois, là où STMicroelectronics ou encore Soitec reculait sensiblement", poursuit-il.
Ainsi, la dissolution de l'Assemblée nationale est arrivée "à un moment de ralentissement du marché français" et "un tiers des pertes du CAC 40 a eu lieu avant" cette échéance, précise le gérant d'Edmond de Rothschild AM.
- Le retour de Trump -
"À tout cela s'est ajouté la menace de nouveaux droits de douane américains sur les importations européennes, qui pourraient entraver davantage la croissance de la zone euro", déjà atone, a encore ajouté le responsable de Saxo Banque.
Le président élu américain Donald Trump reprendra possession de la Maison Blanche à partir du 20 janvier, mais a déjà brandi la menace de taxer de 10 à 20% les produits européens entrant aux Etats-Unis, une mesure protectionniste centrale dans sa politique commerciale.
Par ailleurs, Donald Trump a d'ores et déjà promis des droits de douane de 25% contre le Canada et le Mexique, deux des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, théoriquement protégés par un accord de libre-échange. Il a aussi menacé Pékin d'augmenter considérablement les droits de douane sur les marchandises en provenance de Chine, au moment où les deux pays rivalisent pour une domination technologique mondiale.
"Souvent, on retient un grand sujet chaque année, mais 2024 a eu la particularité de compter de multiple thèmes", remarque Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés chez IG France.
Face aux vents contraires, "le CAC 40 a certes baissé, mais il n'est pas au bord de la rupture", conclut-il.
F.Prabhu--BD