La Bourse de New York a évolué sans direction claire lundi, l'enthousiasme des investisseurs pour les valeurs liées à l'intelligence artificielle (IA) ayant été douché par l'arrivée d'un modèle chinois d'agent conversationnel à moindre coût, faisant dégringoler des géants comme Nvidia, tandis que les valeurs défensives ont resisté.
L'indice Nasdaq a chuté de 3,07%, l'indice élargi S&P 500 a reculé de 1,46%, tandis que le Dow Jones est parvenu à rester en territoire positif, finissant en hausse de 0,65%.
"Tout ce qui a bénéficié de l'essor de l'IA ces derniers temps a connu une journée difficile aujourd'hui", commente auprès d'un journaliste de l'AFP Karl Healing, de LBBW.
Les investisseurs ont été pris de court par des informations selon lesquelles l'agent conversationnel de la start-up chinoise DeepSeek serait performant tout en fonctionnant sur des puces à capacité réduite, au risque de bousculer la domination des groupes américains du secteur.
La sortie de R1, le dernier modèle de la start-up chinoise DeepSeek, a initialement reçu une attention limitée aux Etats-Unis, éclipsée par l'investiture de Donald Trump.
Mais ce week-end, DeepSeek est devenue l'application gratuite la plus téléchargée sur la boutique en ligne d'Apple aux Etats-Unis, supplantant ChatGPT, le chatbot d'OpenAI qui a lancé la course à l'IA générative fin 2022.
Plombé par cette option possiblement plus rentable, Nvidia, géant américain des semi-conducteurs, a dévissé de 16,97% à 118,42 dollars.
Au terme de la journée, l'entreprise a lâché 589 milliards de dollars de capitalisation boursière, l'une des pires pertes de l'histoire selon la presse américaine.
Nvidia a ainsi été rétrogradé de la première place à la troisième au tableau des capitalisations mondiales, derrière Apple et Microsoft.
Cette dégringolade s'explique par une "réaction instinctive face à quelque chose de nouveau", assure à l'AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management. Selon lui, "il s'agit en quelque sorte de tirer d'abord et de poser des questions ensuite".
L'indice VIX - dit "indice de la peur" - qui mesure la nervosité des investisseurs, a évolué en nette hausse, s'accroissant de 20,54%.
Outre Nvidia, une large partie du secteur des semi-conducteurs a été grevée par l'essor de l'outil chinois: Broadcom a plongé de 17,07%, AMD a lâché 6,37%, Micron a décroché de 11,71% et Marvell Technology a chuté de 19,10%.
Les titres du secteur énergétique se sont écroulés également à New York, DeepSeek remettant en question les besoins en énergie pour le développement de l'IA. Constellation Energy (-20,85%), Vistra Corp (-28,27%), Talen Energy (-21,59%) et GE Vernova (-21,52%) ont sombré.
Les entreprises du secteur des pipelines, Targa Resources (-4,70%), The Williams Companies (-8,43%), Kinder Morgan (-9,28%) et ONEOK (-3,90%) ont aussi été affectées.
D'autres géants de la "tech", qui ont réalisé d'immenses investissements pour faire leur place dans le secteur de l'IA, étaient également en berne, à l'image d'Alphabet (Google) qui lâchait 3,36% ou de Microsoft (-3,37%).
Selon Karl Healing,les turbulences de lundi ont bénéficié aux valeurs dites défensives, c'est-à-dire théoriquement moins sensibles à la conjoncture, ce qui explique la relative bonne performance du Dow Jones.
"Les biens de consommation de base, les matériaux, les soins de santé sont tous dans le positif", à l'issue de la séance, relève M. Healing.
Cette semaine, l'attention des investisseurs sera aussi tournée vers la Banque centrale américaine (Fed), dont la prochaine réunion se déroulera mardi et mercredi et devrait se conclure par un maintien des taux à leur niveau actuel.
Vendredi sera également publié l'indice PCE d'inflation, privilégié par la Fed, pour le mois de décembre.
G.Tara--BD