Professeur de Sciences et vie de la Terre en collège, Nicolas Gaube s'inspire des sciences cognitives pour aider ses élèves. Et via sa chaîne YouTube, "Un prof heureux", il partage ses connaissances avec des milliers de professeurs à travers le monde.
Des méthodes qui lui ont permis de figurer parmi les dix finalistes du Prix mondial des enseignants 2023 de la Fondation Varkey, fondée par Sunny Varkey, ressortissant indien basé aux Emirats Arabes unis et à la tête de GEMS Education, un groupe privé qui gère des établissements scolaires, du primaire au lycée, dans le Golfe et une dizaine d'autres pays.
Pour ce prix, décerné mercredi soir à Paris, en partenariat avec l'Unesco et Dubai Cares, une ONG basée à Dubaï elle aussi axée sur l’éducation, le professeur français était nommé aux côtés de collègues ukrainien, indien ou pakistanais.
"Je me suis intéressé aux sciences cognitives très tôt dans mes études. Le système nerveux, le fonctionnement du cerveau… Les élèves mémorisent des notions grâce à des astuces, des rituels au début du cours, et par un engagement actif pendant l’heure de classe", explique ce professeur de SVT en 4e et 5e.
Ainsi, accrochés au mur de sa classe, au collège René-Cassin à Agde (Hérault), trois panneaux rappellent les "routines" du travail en classe. Une affiche explique comment "corriger son travail avec l'intelligence artificielle". Suspendus au plafond, des écriteaux plastifiés, à l'effigie de l'avatar du professeur, délimitent les espaces "ressources", "documentaire", "numérique".
Créateur de la chaîne YouTube "A Happy Teacher", aujourd'hui "Un prof heureux", l'enseignant avait noué des liens avec des collègues à travers le monde, dont deux d'entre eux, un Australien et un Américain, avaient participé aux éditions précédentes de ce prix: "Je me suis dit, pourquoi pas moi ? Alors j'ai candidaté. C'était aussi une manière de faire le point sur ma carrière", explique à l'AFP ce professeur de 46 ans, depuis 17 ans à René-Cassin.
Et s'il empoche le chèque de récompense d'un million de dollars, il compte en faire profiter son collège.
- Prof en "scène" -
Fils d'une secrétaire de direction et d'un père employé dans une entreprise d'ascenseurs, Nicolas Gaube avait d'abord commencé des études de médecine. Avant de bifurquer. 22 ans après ses débuts comme professeur à Créteil, en banlieue parisienne, il est "épanoui", "heureux" --fidèle au titre de sa chaîne YouTube--, et fier de la relation qu'il cultive avec ses élèves.
"Oui, ce métier a des aspects négatifs, nous vivons des drames, c'est une réalité", reconnaît-il. Mais "j'ai le sentiment d'être utile en venant en aide aux élèves en difficulté", "je cherche toujours à avancer".
Pour ses cours, il a totalement réaménagé sa classe. Sur l'estrade, "la scène", il délivre la leçon, avec, face à lui, un seul premier rang d'élèves. Puis il circule auprès des autres enfants, répartis dans différents "pôles" de la salle, face aux fenêtres. D'autres élèves sont eux au centre de documentation, pour des recherches sur la leçon du jour, "le système nerveux", également disponible en version audio, en ligne, racontée par une voix de synthèse.
Au tableau, Nicolas Gaube propose à une élève, tirée au sort par ordinateur, de jouer à cliquer le plus rapidement possible, selon une consigne lue en anglais, sur un petit mouton avançant sur l'écran.
"Que se passe-t-il dans votre corps lorsque vous souhaitez réagir rapidement ?", interroge ensuite le professeur. Les mains se lèvent, sans aucune hésitation. A l'aide de cartes, les élèves reproduisent le schéma du circuit nerveux, tout en écrivant sur les tables. Ici, c'est autorisé.
Avec d'autres professeurs, à travers le monde, il éprouve régulièrement de nouvelles méthodes d'apprentissages. Puis il les répercute dans son collège.
"Ce bagage scientifique permet de mettre en place des choses efficaces tout de suite", témoigne Charlotte Soulier, professeur d'histoire-géographie depuis trois ans à René-Cassin: "Dans la classe, on a des repères, des symboles, des fiches, des petits logos collés sur des feuilles, qui permettent aux élèves, même les plus en difficulté, de se repérer très rapidement. »
R.Altobelli--BD