Le groupe français TotalEnergies, qui célèbre cette année ses 100 ans, a commencé vendredi son assemblée générale annuelle dans le calme, à distance de militants écologistes, qui ont manifesté à l'extérieur de sa tour et devant le siège de l'un de ses principaux actionnaires à Paris.
Patrick Pouyanné, PDG depuis dix ans, doit être renouvelé pour un mandat de trois ans lors de cette réunion à son siège de la Défense, où les actionnaires ont pu entrer sans encombre et prendre place dans une salle principale et une salle annexe.
"Nous espérons que cette assemblée générale pourra se passer dans de bonnes conditions", a-t-il dit en introduction.
Dès 9H00, cinq heures avant le début prévu de l'AG, des militants de Greenpeace ont déployé sur un bâtiment à quelques centaines de mètres du siège du groupe, une gigantesque banderole "Wanted", montrant Patrick Pouyanné que "la société civile recherche", avant que la police ne la décroche.
La police est présente en nombre dans le quartier d'affaires de la Défense où la quatrième major mondiale du pétrole et plus grosse entreprise française par le chiffre d'affaires, centenaire cette année, tient sa grand-messe annuelle. Des grilles ont été installées devant l'entrée.
Les policiers ont interpellé cinq personnes, selon une source policière.
Mais la tension s'est déplacée du côté d'une autre assemblée générale, à Paris, celle du gestionnaire d'actifs français Amundi, un des premiers actionnaires de TotalEnergies, où se sont finalement rassemblés plusieurs centaines de militants d'Extinction Rébellion, ont constaté des journalistes de l'AFP. Parmi les chants scandés, celui de "Amundi complice".
Plusieurs dizaines de personnes sont entrées par la force dans les locaux, avant d'en ressortir. Des dégradations ont été commises et des agents de sécurité blessés, a indiqué une source policière.
TotalEnergies dit avoir choisi sa tour de 48 étages pour éviter "d'immobiliser un quartier de Paris" - comme lors de l'édition 2023, tumultueuse, émaillée d'échauffourées entre manifestants et policiers.
Un an plus tard, le groupe reste sous le feu des critiques, les défenseurs du climat lui reprochant d'aggraver le réchauffement climatique et de nuire à la biodiversité et aux droits humains, du fait de ses activités dans le gaz et le pétrole.
"On dénonce la stratégie d'expansion de TotalEnergies, qui est toujours orienté vers le développement des fossiles, malgré un discours verdi", a expliqué à l'AFP Edina Ifticene, de Greenpeace.
Les militants de multiples organisations, dont Extinction Rébellion, exigent "l'abandon" des projets phare en Ouganda/Tanzanie, au Mozambique et en Papouasie-Nouvelle-Guinée et, préconisation de l'Agence internationale de l'énergie, "l'arrêt de tout investissement dans de nouveaux projets fossiles".
Les actionnaires seront appelés à valider vendredi la stratégie de TotalEnergies concernant le climat, certains investisseurs réclamant aussi une transition énergétique plus ambitieuse.
- Pouyanné regarde vers New York -
L'an dernier, une résolution purement consultative émanant d'actionnaires militants avait recueilli 30,4% des votes.
Cette fois, aucune résolution consultative ne s'annonce.
Une coalition d'actionnaires revendiquant 0,9% du capital a réclamé en vain, jusque devant la justice, une résolution non contraignante visant "à mettre fin au cumul des fonctions de président et directeur général" occupées par Patrick Pouyanné, pour le maintenir au seul poste de directeur général.
Un choix impensable pour le conseil d'administration, attaché à la "stabilité stratégique" de la compagnie qui a engrangé 21,4 milliards de dollars de bénéfices en 2023, après 20,5 milliards en 2022.
Le bouillant dirigeant préside cette assemblée sur fond de polémique après ses déclarations sur une éventuelle délocalisation de la cotation principale du groupe de Paris à la Bourse de New York, déclenchant les foudres de la classe politique, de Bruno Le Maire à Emmanuel Macron, avant d'évoquer jeudi dans Le Figaro une "erreur de traduction".
Le PDG répète que TotalEnergies est "le groupe pétrolier le plus impliqué dans la transition énergétique". Un tiers de ses investissements est consacré aux énergies bas carbone.
Mais en septembre, le think tank Carbon Tracker estimait que "seule" la compagnie pétrolière italienne Eni avait des objectifs de réduction d'émissions "potentiellement" alignés sur l'accord de Paris. TotalEnergies arrivait deuxième avant Repsol et BP, loin devant le saoudien Aramco ou l'américain ExxonMobil.
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O.Mallick--BD