Le "très dangereux" ouragan Hélène, devenu un ouragan "majeur", doit toucher terre en fin de journée jeudi en Floride, apportant avec lui des inondations "catastrophiques" que les autorités ont imploré les habitants de prendre au sérieux.
Avec des vents de 195 km/h, Hélène s'est renforcé en ouragan de catégorie 3 sur une échelle de 5, selon le Centre américain des ouragans (NHC). Il poursuit sa route au-dessus du Golfe du Mexique en direction du nord-ouest de la Floride, troisième Etat le plus peuplé des Etats-Unis.
Il doit toucher terre dans la soirée dans la région de Tallahassee, la capitale de l'Etat, qui compte environ 200.000 habitants.
Dans cette zone, "personne n'a vu une tempête d'une telle ampleur de mémoire récente", a averti jeudi matin le gouverneur de Floride, Ron DeSantis. Il a mis en garde contre les chutes d'arbre pour les habitants n'ayant pas évacué.
"Je ne vais nulle part. Je reste ici. Je vais me retrancher", a déclaré à l'AFP Patrick Riickert à Crawfordville, petite ville située à une trentaine de kilomètres au sud de Tallahassee en direction de la côte.
"J'ai confiance en ma foi et le fait que Dieu me protégera", a ajouté ce quinquagénaire, qui restera chez lui avec sa femme et ses petits-enfants.
De nombreux habitants ont eux fui après avoir protégé les fenêtres de leur maison de planches de bois, et la plupart des commerces ont fermé, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.
Plus au sud encore, à Alligator Point, au bord de l'eau, David Wesolowski a procédé à de derniers préparatifs avant d'aller se réfugier dans sa famille à Tallahassee.
Si la trajectoire de l'ouragan reste inchangée, "ça ne ressemblera plus à la même chose ici après, c'est sûr", a-t-il dit.
- Vagues "destructrices" -
Le risque de submersion marine inquiète particulièrement, avec une montée des eaux qui pourrait atteindre 6 mètres par endroits sur les côtes, soit la hauteur d'un immeuble de deux étages.
Il s'agit d'un "scénario auquel il est impossible de survivre", qui s'accompagnera de vagues "destructrices" pouvant balayer des maisons et déplacer les voitures, a alerté Mike Brennan, le directeur du NHC, qualifiant l'ouragan de "très dangereux".
Les vents, qui pourraient aussi être "catastrophiques" selon cette agence, affecteront également l'intérieur des terres.
Les autorités s'attendent donc à de vastes coupures de courant. Jeudi midi, déjà environ 80.000 clients étaient privés d'électricité en Floride, selon le site poweroutage.us.
Plusieurs aéroports, notamment ceux de Tallahassee et de Tampa, sont fermés.
- Débris -
La particularité d'Hélène est d'être particulièrement étendu. Sa taille en fait "l'un des plus grands ouragans au-dessus du Golfe du Mexique durant ce siècle", a noté l'expert Michael Lowry.
Son impact se fera donc ressentir sur une très vaste zone. L'état d'urgence a été imposé dans presque la totalité des 67 comtés de Floride.
Quelque 3.500 soldats de la Garde nationale ont été mobilisés, et 2.000 supplémentaires sont disponibles si besoin, a indiqué M. DeSantis.
Des fonds fédéraux ont été débloqués, avec du personnel prêt à aider pour des opérations de recherche et de sauvetage, de rétablissement de l'électricité ou de dégagement des routes.
"Il va y avoir beaucoup de débris", a prévenu le gouverneur.
De la nourriture, de l'eau et des générateurs ont été pré-positionnés, a indiqué Deanne Criswell, cheffe de l'agence fédérale chargée de la réponse aux catastrophes naturelles (Fema).
- Géorgie, Tennessee, Caroline du Sud -
"Cela va être un événement affectant plusieurs Etats", a-t-elle par ailleurs prévenu.
Au-delà de la Floride, les Etats de Géorgie, du Tennessee et de Caroline du Sud verront aussi les effets de l'ouragan, notamment la ville d'Atlanta et ses cinq millions d'habitants.
Les autorités y redoutent des crues soudaines liées aux fortes pluies, ainsi que de possibles coulées de boue ou glissements de terrain dans les Appalaches.
Si plusieurs ouragans ont déjà frappé les Etats-Unis cette année, dont Béryl et Debby, ceux-ci étaient moins puissants qu'Hélène au moment de toucher terre.
L'agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) avait prévenu que la saison des ouragans cette année -- qui s'étend de début juin à fin novembre -- s'annonçait particulièrement agitée notamment en raison de la chaleur des océans, qui alimente ces tempêtes.
En réchauffant les eaux des mers, le changement climatique rend plus probable leur intensification rapide et augmente le risque d'ouragans plus puissants, selon les scientifiques.
F.Mahajan--BD