Alors que les températures commencent à baisser dans la bande de Gaza, les Palestiniens se préparent à affronter un second hiver soumis à des déplacements constants et à des pénuries qui ne cessent de s'aggraver après plus d'un an de guerre.
"Nous ne nous attendions pas à vivre un autre hiver en guerre", a confié mercredi à l'AFP Salah Abou al-Jabeen, une femme de 32 ans.
Originaire du nord de la bande de Gaza, elle vit dans un camp de fortune surpeuplé à Nousseirat, une ville côtière située dans le centre du territoire palestinien, dévasté par la guerre entre Israël et le Hamas déclenchée le 7 octobre 2023 après une attaque d'une ampleur inédite du mouvement islamiste sur le sol israélien.
"Nous devons remplacer les toiles de tente parce qu'elles se sont abîmées à cause du soleil cet été" et "nous avons également besoin de couvertures et de vêtements pour nous protéger du froid", a-t-elle ajouté.
Salah Abou al-Jabeen avait espéré pouvoir s'abriter dans une école transformée en refuge, mais "il n'y a plus de place".
A proximité, Ahmad al-Razz est tout aussi mal équipé pour affronter les intempéries à venir.
"Lorsque j'ai été déplacé, il n'y avait pas de place à Deir el-Balah", une autre ville du centre du territoire, a raconté cet homme de 42 ans à l'AFP.
Alors "j'ai installé ma tente sur la plage", a-t-il poursuivi, précisant que celle-ci était faite "de tissus et de sacs de farine" qu'il a "cousus ensemble".
"Nous avons très froid la nuit parce que nous sommes au bord de la mer", a-t-il déploré, les températures nocturnes plafonnant à une petite dizaine de degrés. "Et nous n'avons pas de couvertures pour nous réchauffer".
L'hiver dernier dans la bande de Gaza avait été marqué par un froid mordant et d'importantes inondations qui avaient emporté de nombreuses tentes, alors que la population souffrait déjà du manque de vêtements chauds et de couvertures.
- "Propagation des maladies" -
Comme Salah Abou al-Jabeen, Ahmad al-Razz a cherché un abri dans une autre région, mais il n'a pas réussi à trouver de place dans les camps déjà bondés.
Après un an de guerre, la quasi-totalité des Gazaouis a été déplacée au moins une fois, selon l'ONU, et la pénurie de nourriture, de matériel médical, de couvertures et de vêtements chauds ne fait qu'empirer la situation.
Mercredi, un journaliste de l'AFP a vu des dizaines de personnes faire la queue devant une boulangerie de Khan Younès, dans le sud du territoire, parfois se disputant et se bousculant dans l'espoir de gagner quelques places dans la file d'attente.
Avec le peu d'aide qui parvient dans la bande de Gaza assiégée par Israël, les produits de première nécessité sont soit absents des commerces, soit vendus à des prix exorbitants.
"Il n'y a pas de vêtements d'hiver disponibles sur les marchés et aucune aide ne nous est parvenue", affirme Israa al-Qourman, une Palestinienne déplacée de Khan Younès âgée de 30 ans, qui dit craindre pour la santé du plus jeune de ses cinq enfants, le froid étant "rude" la nuit.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a également exprimé son inquiétude quant aux conséquences du froid, qui viennent aggraver la situation déjà catastrophique dans les camps.
"Le manque d'eau, d'assainissement et d'hygiène ainsi que la surpopulation dans les abris et les sites de personnes déplacées sont les principaux facteurs de propagation des maladies transmissibles", a déclaré mercredi à l'AFP le Dr Richard Peeperkorn, le représentant de l'OMS dans les territoires palestiniens occupés.
"Comme ces conditions vont probablement se détériorer davantage au cours de l'hiver, la fréquence de ces maladies devrait continuer à augmenter", a-t-il poursuivi.
Israa al-Qourman, elle, espère "que la guerre s'arrêtera avant l'arrivée de l'hiver et des fortes pluies".
H.Oommen--BD