Peu de réussites, beaucoup de fustrations: un an de mandat Biden
Economie, politique extérieure, lutte contre la pandémie et divisions politiques: sur tous ces sujets, Joe Biden a fait de grandes promesses, et accumulé d'immenses frustrations. Tour d'horizon un an après son investiture.
- Covid-19 -
Pendant quelques mois, la promesse d'efficacité de la nouvelle administration Biden a semblé tenue, avec une progression rapide du taux de vaccination.
Mais Joe Biden a prématurément déclaré le 4 juillet, pour la fête nationale, l'"indépendance" face au virus. Le variant Delta a ensuite déferlé, puis Omicron, suscitant une immense lassitude des Américains.
Seulement 46% d'entre eux approuvent désormais sa politique sanitaire, contre 69% au début de son mandat.
Ses appels à se faire vacciner et à porter le masque sont violemment critiqués par nombre de républicains. Et la Cour suprême vient d'annuler une obligation de vaccin ou de test que la Maison Blanche voulait imposer aux grandes entreprises.
- Economie -
Joe Biden a promis à la classe moyenne américaine de lui assurer des emplois et une certaine sérénité face à la mondialisation.
Pour cela, il a ouvert les vannes: 1.900 milliards de dollars en début de mandat pour relancer une économie plombée par la pandémie. Puis 1.200 milliards de dépenses dans les infrastructures décaties des Etats-Unis.
Mais Joe Biden n'a pas réussi à faire passer un plan de 1.800 milliards de dollars de dépenses sociales et environnementales, faute de réel contrôle du Sénat.
Et si le taux de chômage ne cesse de baisser, l'inflation flambe, atteignant un niveau jamais vu depuis 1982. Un phénomène généralisé au niveau international, plaide Washington.
- Réformes de société -
Joe Biden a promis d'apaiser l'Amérique et de consolider ses institutions démocratiques. De tous ses engagements, c'est le plus difficile à tenir.
Le démocrate, qui a bénéficié pendant sa campagne du soutien jugé décisif de figures de la communauté afro-américaine, leur a promis de parachever le combat pour les droits civiques.
Il veut harmoniser au niveau fédéral les procédures de vote, pour barrer la route aux Etats du sud qui restreignent, de fait, l'accès aux urnes des minorités. Mais - dans un scénario qui rappelle l'échec de son agenda social - deux sénateurs démocrates barrent pour l'heure la route à ce projet.
Ces échecs irritent la frange la plus à gauche de son parti. Ses projets sont jugés trop interventionnistes par les démocrates les plus centristes.
Quant aux républicains, ils sont sous l'influence toujours immense de Donald Trump, et adhèrent dans leur majorité à ses déclarations, sans fondement, sur une élection frauduleuse de Joe Biden.
Une anecdote récente illustre le ton pris par le débat politique. Lors d'un échange téléphonique bien innocent consacré à Noël, le président a entendu un père de famille lui lancer "Let's go Brandon", devenu une manière détournée de dire "Fuck Joe Biden".
- "America is back" -
"L'Amérique est de retour" sur la scène internationale, répète Joe Biden.
C'est vrai, en grande partie: les Etats-Unis sont revenus à la table des grandes discussions sur le climat, sur le commerce ou sur le programme nucléaire iranien.
Le président s'est aussi attaché à réparer les liens avec les alliés traditionnels des Etats-Unis, mis à mal par Donald Trump.
Mais sa gestion du retrait chaotique d'Afghanistan a été critiquée. Et la France a très mal pris de se voir souffler un gigantesque contrat de sous-marins.
Joe Biden, qui veut articuler sa politique étrangère autour de la rivalité avec la Chine, a réussi jusqu'ici à maintenir au moins une ligne de communication ouverte avec le président chinois Xi Jinping.
Mais cette diplomatie "les yeux dans les yeux", qu'il applique aussi avec le Russe Vladimir Poutine, n'a pas suffi par exemple à déjouer les tensions autour de l'Ukraine.
L.Panchal--BD