Christiane Taubira est sortie vainqueur dimanche de la primaire populaire, et a appelé les autres candidats à la rejoindre, mais cette victoire risque d'aboutir de fait à une candidature de plus à gauche, les autres principaux candidats refusant de reconnaître toute légitimité à cette consultation populaire.
Favorite de cette primaire qu'elle était la seule à soutenir, l'ex-ministre de la Justice, officiellement lancée dans la campagne seulement depuis deux semaines, va désormais tenter de rassembler les autres candidats de gauche.
"Nous devons trouver un chemin de façon à rassembler les gauches et leurs sensibilités", a-t-elle dit, appelant dans "un esprit de concorde", les militants, dirigeants et "élus de terrain" socialistes, écologistes, insoumis et communistes, à se rassembler avec elle.
Elle a aussi indiqué qu'elle allait appeler les autres candidats, Yannick Jadot (arrivé 2e), Jean-Luc Mélenchon (3e) et Anne Hidalgo (seulement 5e), mais aussi le communiste Fabien Roussel, non-sélectionné pour la Primaire populaire.
"Je sais leurs réticences, mais aussi leur intelligence et leur sens de l'intérêt général", a-t-elle souligné. "Cette union, nous la construisons ensemble", a-t-elle ajouté, devant des militants enthousiastes qui scandaient "union, union". "Notre sort appelle aujourd'hui l'union et le rassemblement", a-t-elle insisté.
Une tache difficile voire impossible, puisque ses concurrents ont tous assuré qu'ils poursuivraient leur campagne quelque soit le verdict.
Les quelque 392.738 participants (sur 467.000 inscrits), qui ont voté en ligne de jeudi à dimanche 17H00, ont placée l'ex-garde des Sceaux en tête de ce "jugement majoritaire. Elle a obtenu la mention "bien plus", devançant Yannick Jadot (assez bien plus), Jean-Luc Mélenchon (assez bien moins), l'eurodéputé Pierre Larrouturou (passable plus) et Anne Hidalgo (passable plus).
- "Idéaux" -
"Merci pour votre confiance", a déclaré Mme Taubira, devant ses militants, dans son QG à Paris. "Nous voulons une gauche unie, nous voulons une gauche debout nous avons une belle route devant nous, je suis fière, je mesure le poids de cette confiance, nous n'avons pas le droit d'abandonner nos idéaux", a-t-elle ajouté.
Sauf ralliement d'un des candidats déjà lancés, cette victoire devrait donc conduire à une candidature de plus à gauche. Selon ses proches, Mme Taubira devrait donner à ses concurrents un ultimatum à la mi-février pour se rassembler avec elle.
Pour bénéficier du soutien de la Primaire populaire, le vainqueur doit signer un "contrat de rassemblement" et "inclure l'esprit du socle commun programmatique dans son programme".
L'entourage de Christiane Taubira a précisé qu'elle allait rencontrer les organisateurs de la primaire dimanche soir.
Même si elle est pour l'instant donnée autour de 5% des intentions de vote, un proche espère que les prochains sondages, "entre le 5 et le 10 février", montreront qu'"elle bénéficie d'un fort capitale d'adhésion et d'enthousiasme dans le pays".
"Si le résultat est franc et massif, ça va ébranler des certitudes," analyse son entourage, persuadé que les défections vont s'accumuler dans les prochains jours dans le camp Hidalgo, en difficulté autour de 3% des intentions de vote, et le camp Jadot, lui aussi coincé entre 5 et 7%.
"Pour moi, la page de la primaire populaire est tournée depuis un moment", avait répété M. Jadot samedi.
Quant à la présidente du groupe socialiste à l'Assemblée, Valérie Rabault, elle a dénoncé dimanche sur radio J "une fausse primaire". "Mettre des candidats à l'insu de leur plein gré, c'est antidémocratique, c'est ahurissant", a ajouté cette porte-parole d'Anne Hidalgo.
M. Mélenchon avait lui décrit la Primaire populaire comme "une farce".
"Tout ça est cousu de fil blanc, c'est l'investiture de Mme Taubira qui est annoncée", a estimé le député LFI Adrien Quatennens dimanche, déplorant "une espèce de vote préférentiel qui va écarter les candidats les plus clivants".
A l'heure actuelle, la gauche se situe à un score historiquement bas dans les sondages, avec seulement un quart des intentions de vote, loin derrière le président et quasi candidat Emmanuel Macron, favori avec environ 25%, suivi au coude-à-coudes de Marine Le Pen (RN) et Valérie Pécresse (LR).
B.Chakrabarti--BD