Les Gabonais ont voté samedi sur la nouvelle Constitution rédigée par le régime militaire du général Brice Oligui Nguema, avec un taux de participation de "plus de 70%" pour ce "jour historique", selon les chiffres donnés par la télévision publique Gabon 24.
"Le taux de participation communiqué par le ministère de l'Intérieur dépasse les 71%" et le + oui+ arrive très largement en tête dans plusieurs bureaux de l'étranger, selon Gabon 24 qui a dédié une émission spéciale à ce "Jour J" où "le Gabon écrit une nouvelle page de son histoire".
Ouverts à 07H00, du matin, avec parfois des retards, les bureaux de vote devaient fermer à 18H00 avant le dépouillement des votes et la transmission de résultats au ministère de l'Intérieur.
Au lycée Leon Mba, dans le centre de Libreville, le public, avec deux observateurs étrangers et les journalistes de l'AFP, a été autorisé à regarder les opérations de dépouillement à travers une fenêtre, depuis l'extérieur du bureau, avant que les bulletins ne soient brûlés dans la cour.
Les 250 observateurs du réseau citoyen ROC ont été autorisés dans certains bureaux mais refusés dans d'autres, a indiqué à l'AFP une porte-parole de ce réseau financé par les Nations unies.
Si la Constitution est adoptée, la prochaine étape sera la tenue d'une élection présidentielle, actuellement prévue en août 2025, pour mettre un terme définitif à la transition née du putsch du 30 août 2023, après la chute de la dynastie Bongo.
Le général Oligui a promis de rendre le pouvoir aux civils mais il ne cache pas ses ambitions présidentielles en promettant aussi un "essor vers la félicité" à ce pays à la fois riche en pétrole et lourdement endetté.
"Tous les Gabonais viennent voter dans la transparence (....) c'est une avancée énorme pour la transition", a déclaré le président de la transition après avoir voté dans un bureau du centre de Libreville.
Pour que "le scrutin se déroule dans un climat de quiétude et de paix", les autorités ont renforcé le couvre-feu mis en place depuis le putsch. "Les horaires du couvre-feu sont réaménagés de 24H à 5H00 du matin durant toute la période du processus électoral" -soit deux heures plus tôt que le couvre-feu actuel qui commence à 02H00-, selon le décret lu à la télévision publique.
- "Confiance" -
Aucun incident majeur n'a été signalé pendant la journée, selon Gabon 24 qui répercute des données non disponibles sur les sites officiels du régime.
"On fait confiance et c'est un test", a souligné Mathurin Bengone, un fonctionnaire de 45 ans du ministère de la Santé rencontré dans un bureau de Libreville. "Si notre vote n'est pas respecté, on ne votera plus. On fera comme les années d'avant, l'abstention va prendre de l'ampleur" a-t-il dit à l'AFP après avoir mis son bulletin dans l'urne.
"Nous voulons nous assurer que le +oui+ soit +oui+ et que le +non+ soit +non+, pas comme par le passé. On a enregistré trop de cas de fraudes", souligne en écho Dikegue Jean Icaise, un restaurateur de 51 ans venu dans la soirée "s'assurer de la transparence" des opérations de dépouillement au lycée Leon Mba.
Dominée par la propagande officielle, la campagne a été marquée par de vifs débats. Les opposants au texte dénoncent un texte taillé sur mesure pour le nouvel homme fort du pouvoir, ses partisans disent qu'il faut aller de l'avant en votant +oui+.
- "Rentrer dans le rang" -
"Les partisans du +non+ vont devoir rentrer dans le rangs", a lancé le commentateur de Gabon 24 pendant l'émission spéciale.
Le projet de nouvelle loi fondamentale consacre entre autres un mandat de sept ans renouvelable une seule fois, avec un régime présidentiel au pouvoir exécutif fort, sans Premier ministre mais avec un vice-président nommé par le Chef de l'Etat, et un pouvoir de dissolution de l'Assemblée nationale.
Le texte impose au candidat à la présidentielle d'être exclusivement Gabonais, né d'au moins un parent gabonais de naissance et marié à une personne gabonaise. Un alinéa non inscrit dans la liste des dispositions intangibles interdit au conjoint ou aux descendants du président de se porter candidat.
Le ministère de l'Intérieur a promis de publier les résultats provisoires "le plus vite possible", sans indication de date ni d'heure. Les résultats définitifs doivent être annoncés par la cour constitutionnelle "après levée de toutes les contestations".
V.Handa--BD