Le président russe Vladimir Poutine a fait lundi le bilan 2024 des combats en Ukraine, se félicitant du rythme de l'avancées de ses troupes et d'avoir "l'initiative" sur tout le front à l'issue de cette "année charnière".
Moins nombreuses et moins bien armées, les forces ukrainiennes perdent du terrain progressivement, mais à un rythme qui s'est accéléré depuis l'automne. Les soldats russes sont notamment désormais aux portes de Pokrovsk, grande cité minière et noeud logistique dans l'est de l'Ukraine qu'ils essaient de prendre depuis des mois.
"Les troupes russes disposent de l'initiative stratégique sur toute la ligne de contact", a assuré M. Poutine dans un discours face aux principaux cadres de son ministère de la Défense.
Il a ainsi revendiqué la "libération", selon le vocabulaire utilisée par la Russie pour désigner la prise de villes et villages ukrainiens, "de 189 localités" courant 2024.
"Je tiens à souligner que l'année écoulée a été une année charnière s'agissant de la réalisation des objectifs de l'opération militaire spéciale", a-t-il ajouté, utilisant là aussi l'euphémisme de rigueur pour mentionner l'assaut contre l'Ukraine.
- "30 km2 par jour" -
Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, qui s'exprimait après M. Poutine, a lui indiqué que la Russie avait pris 4.500 km2 de territoire ukrainien cette année, et avançait actuellement de "30km2 par jour".
L'armée russe a avancé sur 725 km2 en territoire ukrainien au cours du mois de novembre, son gain territorial le plus important en un mois depuis mars 2022 et les premières semaines de son assaut à grande échelle, d'après une analyse de l'AFP à partir des données de l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).
Le record précédent datait d'octobre, l'avancée était alors de 478 km2.
L'Ukraine, un pays plus vaste que la France, a une superficie de plus de 600.000 km2 dont la Russie contrôle près de 20%, Crimée comprise.
L'armée russe a d'ailleurs revendiqué lundi la conquête d'une nouvelle localité, Yelyzavtivka, située à une dizaine de kilomètres au sud de Kourakhové, ville industrielle de l'Est.
La veille, elle avait revendiqué les villages de Vessely Gaï, au sud de Kourakhové, et celui de Pouchkiné, au sud de Pokrovsk.
Le groupement de forces ukrainiennes de Khortytsia a signalé dimanche "d'épuisantes confrontations" dans les environs et dans la ville de Kourakhové, ainsi que plus au nord à Tchassiv Yar.
Kiev s'efforce de contenir les troupes russes et réclame un soutien accru à ses alliés occidentaux.
Mais la pérennité de cette assistance, cruciale depuis le début de l'offensive russe il y a près de trois ans, n'est pas garantie, avec le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier aux Etats-Unis, qui étaient jusqu'ici le principal bailleur de l'Ukraine.
Moscou et Kiev tentent d'influencer la position du républicain, sur fond d'éventuelles négociations entre les deux parties qui pourraient commencer l'an prochain.
M. Trump a déjà appelé à un "cessez-le-feu immédiat" et à des pourparlers, si bien qu'Européens et Ukrainiens craignent qu'il puisse forcer Kiev à des concessions d'ampleur et accorder une victoire militaire et géopolitique au Kremlin.
- Systèmes IA -
M. Poutine a, lui, une nouvelle fois accusé lundi les pays de l'Otan, alliés de l'Ukraine, de constituer une menace pour la Russie.
"Les pays de l'Otan augmentent leurs dépenses militaires. Des groupes d'intervention de l'alliance ont été formés et rassemblés près des frontières de la Russie", a-t-il accusé, alors que l'Alliance a renforcé sa présence en Europe orientale du fait de l'assaut russe contre sa voisine.
Le ministre russe de la Défense a lui jugé que son armée devait se préparer "à toutes les évolutions possibles de la situation, y compris la possibilité d'un conflit armé avec l'Otan en Europe dans les décennies à venir".
La Russie récuse le terme d'invasion s'agissant de son assaut contre l'Ukraine, et estime que son offensive visait à repousser l'Otan, que Kiev veut rejoindre, et juguler une menace existentielle.
Dans ce contexte, Vladimir Poutine a vanté une fois encore lundi l'accroissement considérable de la production d'armements dans le pays, et appelé à poursuivre.
"Il faut régler toutes les questions relatives à la production de masse et au déploiement des systèmes nationaux pour mener les frappes, y compris les systèmes hypersoniques", a-t-il dit.
Le maître du Kremlin a également indiqué que ses forces russes commençaient à utiliser des systèmes assistés par l'IA.
"Les soldats reçoivent des systèmes robotisés avancés, dont certains utilisent des technologies d'intelligence artificielle" (IA), a-t-il affirmé.
A.Krishnamurthy--BD