"Taxe lapin": les plateformes de rendez-vous médicaux "joueront le jeu", assure Valletoux / Photo: Olivier MORIN - AFP/Archives
Les plateformes de rendez-vous médicaux en ligne "joueront le jeu" pour permettre de collecter la future "taxe lapin", sanction de cinq euros appliquée aux patients qui n'honorent pas leur rendez-vous, a assuré jeudi le ministre délégué à la Santé, après des réticences exprimées par Doctolib.
A partir de 2025, les patients qui ne se présentent pas et n'annulent pas au moins 24 heures à l'avance s'exposeront à une sanction de cinq euros, qui ira dans la poche du médecin, a annoncé samedi le Premier ministre Gabriel Attal. Le praticien pourra choisir de la prélever, ou non.
La somme sera retenue via l'empreinte bancaire du patient, prise avant le rendez-vous par les plateformes en ligne, les secrétariats ou les soignants eux-mêmes, a-t-il précisé.
Mais sur ces aspects techniques, le PDG de la principale plateforme Doctolib, Stanislas Niox-Château, a émis quelques doutes. "Il ne faut pas créer un fardeau administratif nouveau pour les soignants et entraver l'accès aux soins", a-t-il déclaré mercredi sur France Inter.
"Il y a 20% des patients qui sont en situation d'illectronisme, et 5% qui n'ont pas de carte bancaire, c'est impensable d'entraver l'accès aux soins pour eux", a-t-il expliqué.
"Comment vont faire les praticiens pour gérer la majorité des rendez-vous qui ne sont pas pris en ligne (...), gérer les plaintes des patients, les contestations (...). C'est inimaginable d'envisager que les secrétariats vont enregistrer des cartes bancaires", a-t-il encore estimé.
Interrogé jeudi sur Sud Radio, le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux a voulu rassurer.
"C'est un problème de calage technique" et "je comprends qu'il y ait des sujets d’organisation", mais cette idée de pénalité, "c'est Doctolib qui l'avait lui-même proposé il y a quelques mois", a dit M. Valletoux.
Doctolib "n'est pas le seul intervenant" et "toutes les plateformes vont jouer le jeu, on va mettre ça en place avec elles", a-t-il assuré.
"Néanmoins, on ne couvrira que la moitié des rendez-vous" ainsi, puisqu'aujourd'hui l'autre moitié est prise par des secrétariats ou les médecins eux-mêmes, a précisé le ministre. Pour les médecins, "ce n’est pas une tache administrative énorme (...) techniquement c’est faisable".
Il a indiqué que cette pénalité entrera en vigueur "à partir du 1er janvier 2025" grâce à une loi qui sera présentée au parlement "à l'été" ou "à l'automne".
O.Mallick--BD