La consommation peine toujours à redécoller: les dépenses des ménages en Chine ont chuté en mai pour le troisième mois consécutif en raison des restrictions anti-Covid, qui menacent la croissance de la deuxième économie mondiale.
La capitale économique Shanghai a été confinée pendant deux mois à partir de fin mars jusqu'à début juin, en réponse à la plus virulente flambée épidémique au niveau national depuis 2020.
Un confinement similaire a un temps menacé la capitale Pékin, coeur du pouvoir politique où des restrictions touchent toujours bars, restaurants, karaokés et établissements de nuit.
Voyager est aussi devenu compliqué pour les Chinois: si un cas positif est détecté sur son lieu de vacances, il y a le risque de ne pas pouvoir revenir immédiatement chez soi -voire de se retrouver confiné.
Toutes ces restrictions pénalisent les dépenses de consommation.
Principal indicateur des dépenses des ménages, les ventes de détail ont enregistré en mai un repli de 6,7% sur un an, a annoncé mercredi le Bureau national des statistiques (BNS).
Même si la chute est moins brutale qu'en avril (-11,1% sur un an), la plupart des analystes ne se montrent guère optimistes pour l'économie chinoise, qui reste globalement toujours à la peine.
Des économistes interrogés par l'agence Bloomberg anticipaient une contraction plus forte (-7,1%).
- Reprise fragile -
"En mai, l'économie chinoise a progressivement surmonté l'impact négatif de la pandémie", s'est félicité mercredi lors d'un point presse Fu Linghui, porte-parole du BNS.
"Mais force est de constater que l'environnement international est devenu plus complexe (...) et que la reprise économique en Chine fait encore face à de nombreuses difficultés et défis."
En avril, les ventes de détail avaient connu sur un an leur plus forte chute depuis 2020, pénalisées par les nombreuses restrictions sanitaires imposées ces derniers mois en Chine.
"Le pire en matière de confinements est probablement derrière nous", estime Tommy Wu, analyste du cabinet Oxford Economics.
Mais il sera "difficile pour la consommation des ménages de repartir en forte hausse" avec la poursuite, dans une moindre mesure certes, des restrictions anti-Covid dans toute la Chine.
Sous l'effet de ces dernières, les dépôts des ménages, indicateur clé de l'épargne, ont logiquement bondi entre janvier et mai (+50,6% sur un an), selon des chiffres de la Banque centrale.
De son côté, la production industrielle a connu un rebond surprise à +0,7% sur un an, après -2,9% en avril, a annoncé mercredi le BNS.
Les analystes anticipaient un ralentissement (-1%), au moment où le confinement de Shanghai, encore effectif le mois dernier, perturbait les chaînes d'approvisionnement.
"La reprise économique reste faible", met toutefois en garde l'économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management, pour qui "l'économie chinoise fait actuellement face au plus grand défi de ces 30 dernières années".
- Emploi -
Le taux de chômage s'est un petit peu tassé en mai à 5,9%, contre 6,1% un mois plus tôt, selon le BNS.
"Mais il n'est pas certain que cette tendance soit durable, car des millions d'étudiants vont obtenir leur diplôme cet été" et se retrouveront sur le marché de l'emploi, souligne M. Zhang.
Particulièrement surveillé par un pouvoir soucieux de la stabilité sociale, le taux de chômage avait atteint un record absolu de 6,2% en février 2020, au plus fort de l'épidémie, avant de refluer.
Ce chiffre dresse toutefois un tableau incomplet de la conjoncture: en Chine, le chômage est calculé pour les seuls urbains et exclu les millions de travailleurs migrants.
Pékin se fixe comme objectif de créer cette année quelque 11 millions d'emplois, un chiffre en baisse par rapport à 2021 (12,69 millions).
Un critère qui, en outre, ne renseigne en rien sur le nombre d'emplois détruits à cause de la crise sanitaire.
De son côté, l'investissement en capital fixe a encore ralenti en mai (à 6,2%). Il s'agit du quatrième mois consécutif de baisse et un autre signe que les perspectives économiques restent moroses.
Mardi, l'agence de notation Fitch a abaissé à 3,7% ses prévisions de croissance pour la deuxième économie mondiale cette année. Un chiffre bien inférieur à l'objectif de 5,5% fixé par Pékin.
H.Majumdar--BD