La 12e conférence ministérielle de l'OMC jouait les prolongations jeudi dans l'espoir d'arracher des accords sur les vaccins anti-Covid, la pêche et la sécurité alimentaire.
"En marche vers un accord final à la #MC12 ... on s'en approche", a annoncé dans un tweet le vice-président de la Commission européenne en charge du Commerce, Valdis Dombrovskis, en début d'après-midi, reprenant le sigle officiel de la première réunion ministérielle de l'organisation depuis plus de 4 ans.
Les représentants des 164 pays membres de l'Organisation mondiale du commerce, réunis depuis dimanche à Genève, ont entamé ces dernières 24 heures un véritable marathon de tractations.
Seuls quelques hauts responsables de l'OMC et des pays clés participent à ces "green room", terme utilisé par l'OMC pour désigner des réunions restreintes pour faire avancer les dossiers difficiles.
Dacio Castillo, l'ambassadeur du Honduras qui pilote les discussions sur la réponse de l'OMC à la pandémie, a publié sur Twitter un rare instantané de ce moment. On peut le voir debout, concentré et la chemise légèrement ouverte, avec à ses côtés le jeune ambassadeur colombien Santiago Wills, qui mène les discussions sur la pêche, écoutant la directrice générale Ngozi Okonjo-Iweala, le visage marqué par la concentration et le manque de sommeil.
"En plein travail pour un résultat jamais vu depuis de nombreuses années à l'OMC", a-t-il également tweeté.
Selon des sources proches des discussions, les négociateurs discutent désormais d'un paquet global, englobant tous les sujets. Selon une source diplomatique genevoise, "cela converge péniblement mais il n'y a pas encore de texte définitivement agréé".
Ce paquet doit ensuite être présenté à 17H00 (15H00GMT) à l'ensemble des pays. A l'OMC, les décisions sont prises par consensus. De sorte que n'importe quel pays peut réduire à néant tout accord.
Mme Okonjo-Iweala a affirmé qu'elle serait satisfaite en cas d'entente sur au moins un ou deux sujets.
Les cinq jours de négociation ont été marqués par l'intransigeance indienne sur plusieurs dossiers. Reste à savoir si la "green room" peut être source de miracles comme par le passé, et quelle sera la réelle portée des accords. Plusieurs sources proches des discussions assurent que le projet d'accord sur la pêche a été sévèrement édulcoré.
"Nous restons optimistes quant à la possibilité d'arriver à des résultats vraiment positifs", avait déclaré tôt jeudi matin à l'AFP, Damien O'Connor, le ministre néo-zélandais du Commerce, sans entrer dans les détails.
De nombreux diplomates ont déploré ces derniers jours les vives réticences de l'Inde sur plusieurs des textes, y compris sur les subventions qui contribuent à la surpêche et à la prolongation du moratoire sur les droits de douane pour les transmissions électroniques.
- Amadouer l'Inde -
"L'Inde a toujours été un partenaire commercial réticent. L'Inde est connue pour sa réticence à signer des accords de libre-échange", a indiqué à l'AFP Harsh V. Pant, professeur au King's College de Londres.
"L'Inde a aujourd'hui le sentiment d'avoir plus de marge de manoeuvre" et pense se trouver "dans une situation géopolitique favorable dans laquelle tout le monde veut l'amadouer, et elle peut l'utiliser comme levier", a noté cet expert en politique internationale basé à New Delhi.
Le pays avait déjà été accusé par les ONG d'avoir empêché la conclusion de l'accord sur la pêche lors de la précédente ministérielle de l'OMC fin 2017 à Buenos Aires.
L'organisation n'a pas conclu d'accord majeur depuis celle de 2013 à Bali.
Arrivée en mars 2021 à la tête de l'OMC, Mme Ngozi, première femme et première Africaine à diriger cette organisation créée en 1995, a promis de lui rendre son rôle sur la scène internationale, en particulier face au Covid-19.
A ce sujet, un premier texte en discussion vise à faciliter le commerce des biens médicaux nécessaires à la lutte contre les pandémies, tandis qu'un second de plus grande envergure demande la levée temporaire des brevets sur les vaccins anti-Covid.
La grave crise alimentaire mondiale provoquée par l'invasion russe en Ukraine, qui fait partie des greniers à céréales du monde, est aussi au coeur des préoccupations. Une déclaration est en discussion pour les restrictions aux exportations.
Un autre projet d'accord vise à interdire les restrictions à l'exportation pour les achats du Programme alimentaire mondial, une des principales agences humanitaires de l'ONU. Mais cette négociation était bloquée jusque-là par l'Inde.
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R.Altobelli--BD