Sa première convocation avait suscité l'incrédulité: parfait inconnu évoluant alors en Argentine, Mateo Retegui s'est depuis fait un nom en Serie A et avec l'équipe d'Italie qui affronte la France dimanche en Ligue des nations à Milan.
La Nazionale a-t-elle enfin trouvé "LE" buteur qui lui fait cruellement défaut depuis plusieurs années ? Le successeur de Gigi Riva, meilleur marqueur de l'histoire (35), d'Alessandro Del Piero ou de Christian Vieri ?
L'Italie du calcio commence à le croire: depuis le début de la saison, Retegui, 25 ans, a inscrit onze buts en douze matchs de championnat et deux autres sous le maillot azzurro.
Une statistique affole les observateurs: l'attaquant de l'Atalanta Bergame a cadré 14 frappes et a fait mouche à onze reprises !
"Il a cette qualité énorme: il se trouve toujours au bon endroit au bon moment", admire Christian Vieri dans un récent numéro de Sportweek, l'hebdomadaire de La Gazzetta dello Sport.
"Mateo est déjà fort, il va devenir un top joueur", a estimé Luciano Spalletti.
Le sélectionneur italien, dont le meilleur buteur est le milieu de l'Inter Nicolo Barella avec dix buts, ne veut pas s'emballer.
Son équipe est certes invaincue dans cette Ligue des nations, avec notamment un succès renversant (3-1) au Stade de France, et domine le groupe A2 avec trois points d'avance sur les Bleus.
- 22 millions d'euros -
Mais elle est encore marquée par son retentissant échec de l'Euro-2024, terminé dès les 8es de finale avec un bilan calamiteux d'une victoire, un nul, deux défaites, trois buts marqués, cinq encaissés.
Et durant cet Euro, Retegui, titularisé en alternance avec Gianluca Scamacca qui s'est depuis sérieusement blessé à un genou, est resté muet.
Mais c'était avant qu'il ne rejoigne l'Atalanta cet été en provenance du Genoa pour 22 millions d'euros et qu'il s'épanouisse dans le système offensif de Gian Piero Gasperini.
"Ce qui me frappe, c'est son évolution: on aimerait que toutes les recrues progressent comme lui l'a fait sur tous les aspects", a souligné l'exigeant "Gasp".
L'ascension de Retegui (17 sélections, 6 buts) est en effet fulgurante.
Il y a encore dix-huit mois l'actuel meilleur buteur de Serie A portait le maillot du club argentin de Tigre où il avait débarqué pour un énième prêt en provenance de Boca Juniors où il ne s'est jamais imposé.
Sa carrière a changé de dimension grâce à un coup de fil de l'ancien international argentin Juan Sebastian Veron à Roberto Mancini, alors sélectionneur de l'Italie.
Connaissant les difficultés offensives de la Nazionale, Veron signale à son ancien entraîneur à l'Inter le profil de Retegui et son ascendance italienne, avec un grand-père paternel né à Sestri Levante en Ligurie, avant d'émigrer en Argentine.
-Hockey sur gazon -
A quelques jours d'un match capital pour la qualification à l'Euro-2024 contre l'Angleterre, en mars 2023, Mancini et son staff épluchent les vidéos des quatre derniers matchs de championnat de Retegui et, à la surprise générale, décident de le convoquer.
L'attaquant, inconnu quelques jours auparavant de ses coéquipiers et du grand public, est même titularisé. L'Italie s'incline finalement 2 à 1, mais Retegui ne déçoit pas en marquant son premier but.
Il remet à l'honneur les "oriundi", ces joueurs nés hors d'Italie, pour la majeure partie en Amérique du Sud, qui ont porté le maillot azzurro grâce à leurs origines italiennes.
Le premier titre mondial de l'Italie, en 1934, doit beaucoup à quatre "oriundi", dont l'"Argentin" Raimundo Orsi. Parmi les "oriundi" plus récents, Mauro Camoranesi, champion du monde 2006, Thiago Motta ou Jorginho.
"Mon histoire est une série de coïncidences, comme si cela avait été écrit pour moi par quelqu'un d'autre", philosophait récemment Retegui.
L'enfant de San Fernando, qui a grandi en jouant au hockey sur gazon, pourrait ouvrir rapidement un nouveau chapitre de son incroyable parcours: il attise déjà l'appétit de quelques cadors du football anglais.
H.Majumdar--BD