Touché mais pas coulé : malgré les critiques sur son style de management, le président sortant de la Fédération française de tennis (FFT) Gilles Moretton a été réélu samedi.
"La liste +Unis pour notre Fédération+ conduite par Gilles Moretton", ex-65e joueur mondial en simple (55e en double), "a recueilli 30.381 voix (soit 61,19%) tandis que la liste +Les Clubs! Au cœur de notre engagement+ emmenée par Germain Roesch a obtenu 19.273 voix (soit 38,81%)", a détaillé l'instance dans un communiqué de presse.
"C'est la troisième élection que je gagne, toujours dans des conditions difficiles", a réagi le vainqueur auprès de l'AFP.
Mais "c'est un programme qui a été choisi, pas un homme", a-t-il ajouté, manifestement soucieux de rassembler après une campagne parfois acrimonieuse. "Retournons aux valeurs du tennis: fair-play, engagement, dépassement de soi", a-t-il exhorté.
Germain Roesch n'a de son côté pas souhaité réagir dans l'immédiat.
Dans le futur Comité fédéral, chargé d'administrer l'instance, la liste de M. Moretton disposera de 40 élus, contre 10 pour son opposant. Les quatre sièges restants sont des "postes réservés" aux représentants des arbitres, des entraîneurs et des joueurs de haut niveau.
À 66 ans, le Lyonnais, vainqueur sur un score très proche de celui de 2021, devient le premier président depuis Jean Gachassin (2009-2017) à être réélu à la tête de la deuxième fédération sportive du pays, qui compte plus de 1,1 million de licenciés et qu’il dirigera jusqu’en 2028.
Près de trois mois après le lancement d’un plan intitulé "Fair Play" pour tenter d’améliorer le climat social à la fédération, "je pense que tout s'est apaisé", a estimé lundi Gilles Moretton.
"On a entendu les préconisations" d’un audit externe mené à la FFT, "on a répondu, on les a mises en place", a-t-il assuré dans un entretien à l’AFP alors que son adversaire lui reprochait une gouvernance "omnipotente".
Outre le climat social en interne, Gilles Moretton aura à gérer dès 2025 le déménagement du Masters 1000 de Paris de l’est de la capitale (Bercy), où il se jouait depuis 1986, vers La Défense Arena de Nanterre.
Un projet dicté en partie par les contraintes de l’ATP pour les tournois de ce calibre, mais retenu sans avoir examiné équitablement les alternatives selon Germain Roesch, qui en avait fait l’"élément déclencheur" de sa campagne dissidente.
- "Donner envie aux gens" -
En matière de haut niveau, Gilles Moretton s’est engagé à nommer un Directeur technique national (DTN) de plein exercice, un poste stratégique occupé par intérim depuis la fin juillet.
L’organigramme de la FFT ne devrait pour le reste connaître que de "petits ajustements", les équipes en place et en particulier le directeur général Stéphane Morel faisant un travail "remarquable", a affirmé à l’AFP l’ex-65e joueur mondial.
Une certaine continuité est également attendue dans les priorités de la FFT, l'instance étant "sur les rails" après le premier mandat de Gilles Moretton, a estimé ce dernier.
Le scrutin qui s’est achevé samedi a accordé pour la première fois 50% des voix aux présidents des quelque 7.000 clubs affiliés à la FFT, l’autre moitié des suffrages revenant aux délégués des comités départementaux et ligues régionales de la fédération.
Dans son programme, Gilles Moretton s’est engagé à presque doubler l’aide financière aux clubs affiliés à la FFT, de 33 millions d’euros en 2024 à 60 millions d’euros en 2028.
Il souhaite accroître le pourcentage de femmes parmi les licenciés (actuellement de 30%) et davantage fidéliser les pratiquants les plus jeunes, afin de limiter les départs vers d’autres sports.
"Au travers des événements, on s'imagine peut-être que c'est autre chose, mais notre mission première, c'est de donner envie aux gens de jouer au tennis", insiste-t-il.
Directeur pendant plus de vingt ans du tournoi ATP de Lyon et ancien président du club de basket de l’Asvel, Gilles Moretton rempile à la tête d’une fédération prospère, dont le résultat net tourne autour des 30 millions d’euros annuels depuis 2022.
H.Majumdar--BD