Sur le point de disputer jeudi à l'Open d'Australie sa première demi-finale en Grand Chelem, la 12e mondiale Paula Badosa revient de loin, après une blessure au dos qui a failli la convaincre d'arrêter sa carrière.
"J'ai traversé beaucoup d'épreuves. Pour moi, c'est un rêve qui se concrétise", a exulté l'Espagnole après avoir réussi l'exploit d'éliminer la 3e mondiale Coco Gauff, invaincue depuis plus de deux mois, mardi en quarts de finale.
"J'ai été une des meilleures joueuses au monde", a rappelé celle qui s'était hissée au 2e rang du classement WTA en 2022, après avoir notamment atteint les demi-finales d'Indian Wells (qu'elle a remporté en 2021) et les quarts de finale à Miami.
Mais à quelques heures d'affronter Aryna Sabalenka en demi-finales à Melbourne, Badosa a l'impression d'être devenue encore "meilleure" depuis.
Victime d'une fracture de fatigue au dos en 2023, qui l'a contrainte à mettre un terme à sa saison après son élimination au 2e tour de Wimbledon, l'Espagnole a chuté jusqu'à la 140e place mondiale en mai 2024.
- Nouvel entourage -
C'est vers cette période-là, "pendant la saison sur terre battue", qu'elle a songé à arrêter sa carrière, a-t-elle confié mardi.
"J'avais du mal à récupérer de ma fracture de fatigue", a expliqué Badosa, qui souffrait également d'inflammations aux articulations. "A chaque fois que je faisais des exercices physiques, je devais m'arrêter" parce que son corps "ne répondait pas bien."
"J'ai pensé à arrêter quand j'ai reçu des injections" de cortisone pour se soigner, a-t-elle poursuivi. Ses médecins lui avaient alors expliqué qu'elle pouvait tolérer au maximum trois injections par an, "et j'en étais déjà à ma deuxième" en avril.
"J'ai énormément douté", à la fois "mentalement" et à cause de ses douleurs au dos, a assuré l'Espagnole.
Paula Badosa a alors décidé de renouveler son entourage, changeant notamment de préparateur physique et de nutritionniste.
"Ils m'ont donné des conseils un peu différents (...) Mon dos a commencé à mieux supporter les exercices qu'ils me donnaient, les aliments et les compléments que je devais manger", a-t-elle encore narré.
Ses résultats commencent à s'améliorer à l'été 2024: huitième de finale à Wimbledon, demi-finale à Cincinnati, quart de finale à l'US Open...
Le retour de Badosa sur le devant de la scène est récompensé par le titre honorifique de "come-back de l'année" 2024 sur le circuit WTA.
L'année 2025 commence en revanche en mode mineur, avec une élimination dès son entrée en lice à Brisbane et au 2e tour à Adelaide.
Jusqu'à cette épopée à l'Open d'Australie. Contre Sabalenka (26 ans), qu'elle a battue deux fois en sept confrontations, Badosa ne partira pas favorite.
- Sabalenka "affamée" -
"Aryna est en train de montrer pourquoi elle est N.1 mondiale", a fait valoir l'Espagnole en conférence de presse.
"Elle est très régulière, très agressive, c'est toujours difficile de l'affronter. Je l'ai jouée l'an dernier, mais je pense que je n'étais pas dans la même forme qu'actuellement", a ajouté la 12e mondiale, dominée successivement à Miami (dur), Stuttgart (terre battue) et Roland-Garros en 2024 par la Bélarusse.
Autre motif d'espoir pour Badosa: le quart de finale laborieux de Sabalenka, qui a souligné les fragilités de la Bélarusse sur ses jeux de service et les trous d'air soudains qu'elle peut connaître en plein match.
Après sa victoire contre Anastasia Pavlyuchenkova (32e), Sabalenka a elle-même estimé sur le court que sa qualification en trois sets (6-2, 2-6, 6-3) relevait presque de la "magie".
Mardi contre la Russe, la reine du classement mondial, invaincue depuis le début de la saison et lauréate du WTA 500 de Brisbane début janvier, a concédé son premier set depuis le début de l'Open d'Australie.
Badosa "est de retour à son meilleur niveau et j'en suis heureuse", a déclaré Sabalenka, en quête d'un troisième titre consécutif à Melbourne, ce qui serait inédit depuis 26 ans.
Mais le "Tigre" - un surnom qui fait référence au tatouage qui orne le bras de Sabalenka - compte bien sortir les griffes jeudi.
Le félin "me rappelle de ne jamais abandonner, de rester affamée quoi qu'il advienne", a prévenu la Bélarusse.
N.Sabharwal--BD