Un dessin animé avec la guerre d'Algérie en toile de fond bientôt sur France Télé / Photo: Lionel BONAVENTURE - AFP/Archives
France Télévisions lancera à partir du 28 octobre "Petite Casbah", une série animée pour enfants située à Alger en 1955, aux prémices de la guerre d'Algérie (1954-1962), avec l'espoir d'initier "un début de dialogue" sur la décolonisation, toujours taboue.
Ce feuilleton (6x26 minutes) a été co-écrit par la romancière Alice Zeniter, prix Goncourt des lycéens 2017 pour "L'Art de perdre" sur une famille de harkis.
Il sera diffusé quotidiennement sur France 4 et mis en ligne sur Okoo, la plateforme jeunesse de France Télé.
On y suit Lyes, Khadidja, Ahmed et Philippe, des enfants de 10 à 12 ans rassemblés dans une cabane sur les toits de la Casbah, vieille ville d'Alger, en juin 1955.
Confrontés à l'arrestation par la police de Malek, le grand frère de Khadidja, ils vont, en sillonnant la ville, déchiffrer un mystérieux carnet noir trouvé dans ses affaires.
"Le sujet n'est pas du tout la guerre d'Algérie", Alger étant encore épargnée par les affrontements au moment du récit, a assuré Pierre Siracusa, directeur de l'unité jeunesse, animation et éducation chez France Télé, lundi lors d'une conférence de presse.
"Le sujet est l'Algérie" et "comment une bande d'enfants qui représente à peu près toutes les communautés d'Algérie en 1955 essaie de faire collectif", a-t-il ajouté.
C'est fort du succès des "Grandes grandes vacances", série animée sur la Seconde Guerre mondiale sortie en 2015 sur France 3, que le groupe public a décidé de s'emparer de cette "période-là", entourée de "tabous" et de "silence", selon M. Siracusa.
"On manque de représentation, d'un récit qui peut être le point de départ d'un début de dialogue", explique-t-il. Et "l'alibi d'une adresse aux enfants peut peut-être permettre de faire bouger un peu les lignes parce qu'on se doit de ne pas être polémique, d'être réconciliateur", fait-il valoir.
Dans un souci pédagogique, la série alimentera aussi Lumni, la plateforme éducative de France Télévisions, qui entend ainsi "traduire la multiplicité culturelle de l'Algérie", "ouvrir un dialogue intergénérationnel" au sein des familles, et aborder "en parallèle" le sujet de la "colonisation", selon Anne Daroux, directrice de l'éducation chez France Télé.
Y seront notamment proposées des pastilles documentaires de cinq minutes (également diffusées à l'antenne dans un format réduit), "apportant des éléments de contexte pour chaque communauté" représentée.
V.Ishfan--BD