Après environ quatre ans à sonder les entrailles de la planète Mars, la sonde InSight va devoir mettre fin cet été à ses opérations, à cause de la poussière qui s'est accumulée sur ses panneaux solaires.
Mais les données récoltées resteront utilisées par les scientifiques du monde entier pour de nombreuses années, afin de continuer à améliorer notre compréhension de la formation des planètes, a souligné la Nasa en faisant cette annonce mardi.
Notamment équipé d'un sismomètre ultra-sensible, InSight a enregistré plus de 1.300 "tremblements de Mars", dont un de magnitude 5 il y a deux semaines seulement, le plus gros jusqu'ici.
Une belle récompense juste avant le clap de fin: autour du mois de juillet, le sismomètre sera éteint. Le niveau d'énergie de la sonde sera ensuite contrôlé environ une fois par jour, et quelques photos pourront peut-être encore être prises. Puis d'ici la fin de l'année 2022, la mission sera complètement arrêtée.
En cause: l'accumulation, au fil des mois, de la poussière martienne sur les deux panneaux solaires, mesurant chacun environ 2,2 mètres de large. InSight, qui ne fonctionne déjà plus qu'avec un dixième de l'énergie dont elle jouissait chaque jour au départ, trouvera donc bientôt ses batteries à plat.
La vitesse d'accumulation de la poussière s'est révélée correspondre peu ou prou à ce qui avait été estimé à l'avance par les équipes de la Nasa.
Il y a environ un an, elles avaient procédé à un nettoyage un peu surprenant, en utilisant de la poussière elle-même. Le bras du robot avait creusé le sol, et fait doucement tomber de la terre martienne au-dessus du robot. Une partie était ainsi emportée par le vent sur les panneaux solaires, dégageant un peu leur surface. Cette technique avait permis de prolonger la mission.
Pourquoi ne pas avoir embarqué de quoi laver directement les panneaux? Pour des questions de coûts, a répondu lors d'une conférence de presse mardi Bruce Banerdt, du Jet Propulsion Laboratory de la Nasa. Un tel mécanisme aurait en effet empiété sur le budget alloué aux instruments scientifiques.
- "Trésor d'informations" -
InSight, l'un des quatre robots actuellement sur la planète rouge -- avec les rovers américains Perseverance et Curiosity, et le chinois Zhurong --, était arrivé sur Mars en novembre 2018.
Son sismomètre, de fabrication française, a depuis permis de grandes avancées.
L'intérieur de Mars était jusqu'ici "un grand point d'interrogation", a expliqué M. Banerdt, qui travaille sur cette mission depuis plus de dix ans. Mais grâce à InSight, "pour la première fois dans l'Histoire, nous avons été capables de cartographier l'intérieur de Mars."
Les ondes sismiques, en variant selon les matériaux qu'elles traversent, offrent en effet une photo des entrailles de la planète.
Les scientifiques ont par exemple été capables de confirmer que le noyau de Mars est bien liquide, et de déterminer l'épaisseur de la croûte martienne, moins dense que précédemment envisagé et probablement constituée de trois couches.
De plus, début mai, une secousse bien plus importante que toutes les précédentes a été enregistrée. De magnitude 5, elle n'aurait pas été énorme sur Terre, mais se révèle être proche de ce que les scientifiques pensaient observer au maximum sur Mars.
"Cette secousse va vraiment être un trésor d'informations scientifiques lorsqu'on se sera vraiment penchés dessus", s'est réjoui Bruce Banerdt.
Sur notre planète, les tremblements de terre sont notamment provoqués par la tectonique des plaques, mais pas seulement, a-t-il expliqué. La croûte terrestre peut notamment bouger sous l'effet d'anomalies de température causées par le manteau sous elle. C'est à ce type de vibrations que pensent avoir affaire les scientifiques sur Mars.
La mission InSight a aussi connu un échec: un instrument devait être enfoui à quelques mètres de profondeur sous la surface, pour prendre la température de la planète. Mais du fait de la composition du sol là où le robot a atterri, cette "taupe" n'a pas pu s'enfoncer comme prévu.
Quoiqu'il en soit, face au succès du sismomètre, la Nasa envisage à l'avenir d'utiliser la technique ailleurs, a déclaré Lori Glaze, la directrice des sciences planétaires: "Nous aimerions beaucoup mettre en place un réseau complet sur la Lune, pour vraiment comprendre ce qu'il s'y passe."
V.Ishfan--BD